Alors, Yverdon-les-Bains, ça craint vraiment tant que ça, niveau sécurité? Et si oui, comment l’expliquer? Après l’impressionnant braquage (heureusement raté) à main armée de l’épicerie des Moulins, à Yverdon-les-Bains le dimanche 26 mai, Blick a donné la parole au président de la section locale de l’Union démocratique du centre (UDC), Christophe Loperetti.
Pour rappel, l’éducateur social de profession a tout récemment été condamné à quinze mois de prison assortis d’un sursis de deux ans pour avoir participé à un trafic de faux certificats de vaccination Covid-19, entre autres. Il a fait appel.
Celui qui siège également au Conseil communal (législatif) de la capitale du Nord vaudois n’a pas peur de le dire: oui, la cité thermale a un peu la réputation d’être le Bronx du canton de Vaud. Et, d’après lui, il n’y a pas de fumée sans feu… Interview à bâtons rompus.
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Christophe Loperetti, est-ce qu’Yverdon-les-Bains ça craint vraiment, comme ville, niveau sécurité?
Yverdon a en effet la réputation d’une ville qui craint un peu, dans le reste du canton, voir ailleurs en Suisse, et c’est triste. Mais malheureusement, cette réputation n’est pas complètement infondée. Même si des villes comme Lausanne ont largement leur lot de problèmes au niveau de la sécurité, il ne faut pas l’oublier.
Certes, mais alors pourquoi Yverdon a hérité d’une telle image, bien plus que Lausanne ou Genève?
Je pense qu’il y a deux facteurs. Le premier, c’est la paupérisation des gens qui vivent ici, qui est très forte, j’ai l’impression. On est arrosés de taxes. Tous les prix augmentent, l’essence, l’électricité, même le prix des parkings en ville d’Yverdon a augmenté, et puis les impôts sont élevés… Les gens n’arrivent plus à vivre. Et qui dit pauvreté dit criminalité. Regardez les jeunes, entre la crise économique, le climat, le Covid, la guerre dans le monde, ils n’ont plus de perspectives, ils se disent que tout est fichu, alors ils partent en cacahuètes.
Et le deuxième facteur?
C’est la police yverdonnoise, qui sert surtout à mettre des amendes aux véhicules mal garés. Alors qu’il y a constamment des vols et du deal de rue sous leurs yeux! Je pense qu’il faudrait faire comme à Orbe, et laisser la police cantonale vaudoise gérer Yverdon. Car nos policiers ici n’ont de toute évidence pas les ressources pour faire leur travail — et ce n’est pas leur faute! C’est qu’on ne leur en donne pas les moyens…
Le dernier fait divers notable dans la cité thermale est le braquage raté du Marché des Moulins, dimanche dernier. L’épicier déplore le manque de soutien de la ville. Est-ce que vous pensez que la Municipalité n’agit pas assez en termes de prévention et de lutte concrète contre la criminalité?
Oui, alors que ça devrait être leur priorité! Le magasinier, avec qui j’ai discuté jeudi, m’a dit qu’il n’avait reçu ni visite ni message de la Municipalité. C’est le silence radio. Il faudrait au moins instaurer plus de rondes policières dans ce quartier, étant donné ce qu’il s’est passé. Un petit commerçant tel que François L., qui fait tourner l’économie locale, devrait être bien plus soutenu par ses élus. En plus, il y avait des enfants dans le magasin, au moment de la tentative de braquage. Il n’y a plus de sécurité à Yverdon, c’est scandaleux.
Est-ce que le quartier des Moulins est vraiment plus dangereux que les autres coins de la ville? On parle davantage de la gare d’Yverdon, en évoquant sa «réputation»…
Je ne sais pas s’il est vraiment plus dangereux que le reste de la ville, mais il est en tout cas laissé à l’abandon. Délaissé par les politiques: il y a un manque d’infrastructures, la Municipalité se désintéresse de ce quartier car il est populaire. Regardez le collège des Moulins, avant sa fermeture il y a un an — il était complètement vétuste, désuet. Il y a un manque de respect de la part des autorités envers les gens qui habitent là-bas.
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Bon, si on vous nommait, d’un coup, syndic de la ville, qu’est-ce que vous en feriez, vous, de ce quartier?
J’investirais dans des projets socio-éducatifs. En tant qu’éducateur de profession, je miserais d’abord sur la prévention et la sensibilisation, pour éviter que les jeunes ne sombrent dans la criminalité. Et puis, en parallèle, j’augmenterais la présence policière. Pas dans un but de répression, mais de sécurité.