Après la controverse du PLR
Les partis veulent réguler l'Intelligence Artificielle en politique

Une affiche du PLR générée par intelligence artificielle a créé la polémique, et les partis prévoient désormais un accord commun pour éviter les manipulations politique par IA. Le Conseil Fédéral devra se pencher sur ce qui peut devenir «une menace à la démocratie».
Publié: 10.07.2023 à 06:11 heures
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Dernière mise à jour: 10.07.2023 à 14:53 heures
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La dernière affiche du PLR suscite des critiques. Le sujet a été généré par l'intelligence artificielle.
Photo: PLR Suisse
Fabian Eberhard

Avec sa nouvelle campagne d'affichage, le PLR n'a pas seulement accéléré la campagne électorale, mais a également déclenché une controverse sur l'intelligence artificielle (IA) en politique. Les libéraux-radicaux ont accompagné leurs nouveaux slogans d'une image de militants pour le climat qui bloquent une ambulance. Mais la scène n'a jamais eu lieu – elle est générée par l'IA.

Le PLR utilise une affiche de campagne créée par l'IA

L'IA dans la politique: danger ou gadget inoffensif?

«La diffusion de fake news est un poison pour une démocratie directe», s'indigne le «Tages-Anzeiger». Le directeur de campagne du PLR Adrian Michel rétorque: «Le sujet de l'activiste climatique s'adresse à des blocages réels d'un groupe extrême.»

Peter G. Kirchschläger, professeur d'éthique à l'université de Lucerne, s'est spécialisé dans l'intelligence artificielle. Il met en garde: «Notre liberté est en jeu». De telles affiches sont «très menaçantes» pour une démocratie, car les manipulations de l'IA détruiraient l'équité dans le processus de formation de l'opinion.

L'affiche du PLR fait ainsi jurisprudence: comment la Suisse doit-elle gérer l'intelligence artificielle dans la campagne électorale? Faut-il des règles?

Un code éthique commun?

Le président des Vert-e-s Balthasar Glättli suggère un code éthique, un engagement volontaire des forces politiques à ne pas utiliser l'IA dans la campagne électorale pour tromper le public. Mi-juin, il a envoyé une proposition aux autres partis. On y lit: «En l'absence jusqu'à présent de règles sur l'utilisation des contenus générés par l'IA, nous nous engageons à atteindre l'objectif d'empêcher une tromperie délibérée du public afin de ne pas saper la confiance dans la démocratie.»

A l'exception de l'UDC qui, selon le conseiller national Franz Grüter, trouve que la proposition «ne va pas dans le bon sens», tous ont réagi positivement au projet. Balthasar Glättli confirme: «Dans les réactions reçues jusqu'à présent, il y a même un consensus sur le fait qu'un accord devrait être valable au-delà de la campagne électorale de 2023.»

Adrian Michel, responsable de la campagne électorale du PLR, ajoute: «Nous avons renvoyé le projet avec peu d'inputs restrictifs.» Le parti semble en principe prêt à renoncer à tromper délibérément le public.

Mais n'est-ce pas exactement ce qu'ont fait les radicaux avec leur affiche sur les activistes du climat? Pas pour Adrian Michel: «Personne n'est trompé en voyant notre affiche avec les autocollants climatiques.» Selon lui, le danger de l'intelligence artificielle, c'est surtout la possibilité d'attribuer à tort des modes d'action ou des déclarations à des acteurs politiques. Or, les blocages de routes sont bien réels: «Notre image reflète donc des faits.»

Le responsable de campagne déclare aussi qu'il est dit de manière transparente sur l'affiche qu'il s'agit d'un sujet généré par l'IA. En effet, une telle remarque se trouve en haut à droite de l'image – mais elle est écrite en minuscules presque illisibles.

Le Conseil Fédéral devra se pencher sur le sujet

La majorité des partis devrait donc bientôt s'imposer des règles. A plus long terme, la question se pose de savoir si une régulation étatique sera nécessaire. Les responsables de la Confédération répondent de manière évasive. Ils soutiennent des études sur le sujet et visent une régulation des grandes plateformes comme Facebook, Youtube ou Google.

Le Conseil fédéral devra bientôt se pencher sur les chances et les dangers de l'IA, et le PS a déposé une série d'interventions auprès du gouvernement. «Quelles sont les réglementations nécessaires pour éviter que l'IA ne devienne un danger pour la démocratie?», demande par exemple la conseillère nationale PS Céline Widmer dans une interpellation. Et sa collègue de parti Min Li Marti de proposer au Conseil fédéral, dans une motion, de créer les bases légales d'une déclaration obligatoire pour l'utilisation d'IA. Cela garantirait des normes uniformes et créerait de la confiance.

Une régulation mondiale à venir?

L'expert en IA Peter G. Kirchschläger de l'Université de Lucerne voit encore plus loin: il propose de créer une agence internationale à l'ONU. «Il faut s'adresser globalement au phénomène mondial de l'infiltration au sein des démocraties des fake news et la désinformation.»

L'autorité de surveillance et d'autorisation que le professeur a en tête doit – à l'instar de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) – promouvoir les droits de l'homme, la durabilité et la paix, afin que l'humanité puisse exploiter les opportunités de l'IA et en maîtriser les risques. Le secrétaire général de l'ONU António Guterres soutient cette idée. Il s'est d'ailleurs récemment prononcé en faveur de la création d'une telle autorité de régulation.

Pendant ce temps, les libéraux-radicaux créent l'incompréhension avec leur affiche. Même au sein du parti, des voix critiques se sont élevées. En revanche, les applaudissements sont venus d'un allié inattendu: des activistes climatiques eux-mêmes. Dans un communiqué, Renovate Switzerland s'est publiquement réjouie que le PLR fasse de ses actions un sujet de discussion.

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