Elon Musk met en garde
L'intelligence artificielle est-elle une menace?

L'intelligence artificielle: chance ou danger pour l'humanité? Les voix des critiques et des partisans éminents permettent de mieux se forger une opinion sur cette question cruciale. En voici quelques-unes.
Publié: 23.06.2023 à 20:58 heures
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Dernière mise à jour: 23.06.2023 à 20:59 heures
L'intelligence artificielle suscite la fascination autant que la peur. C'est ainsi qu'elle a donné naissance aux visages de cette installation au Kunstmuseum de Stuttgart (All).
Photo: Keystone
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Valentin Rubin et Thomas Benkö

L'impact incertain de l'intelligence artificielle (IA) suscite des inquiétudes, alimentées par l'incertitude quant aux changements qu'elle apportera à notre monde. Les experts du domaine peuvent toutefois offrir des éclairages précieux pour nous guider. Voici des perspectives de scientifiques, d'entrepreneurs et de politiciens sur le sujet.

Martin Vetterli, président de l'EPFL

Dans une interview accordée au quotidien «Tages-Anzeiger», le président de l'EPFL a qualifié l'intelligence artificielle de «l'une des innovations les plus puissantes de ces dernières années», la comparant à l'avènement d'Internet. Toutefois, Martin Vetterli souligne également le potentiel d'abus de cette technologie, mettant en garde contre la manipulation des machines et l'absence de mécanismes de protection. Selon lui, l'IA reste une boîte noire dont nous ignorons encore les implications, comparant la situation à une distribution d'armes nucléaires sans contrôle.

Le président de l'EPFL Martin Vetterli voit de grands avantages et de sérieux risques dans l'IA.
Photo: keystone-sda.ch

Elon Musk, CEO de Tesla et SpaceX

L'entrepreneur technologique et deuxième personne la plus riche du monde fait partie des plus de 30'000 signataires d'une lettre ouverte qui, en mars, a mis en garde contre les développements de l'IA, considérant cette technologie comme un «risque profond pour la société». Paradoxalement, Elon Musk a annoncé la création de sa propre entreprise d'IA, appelée X.AI, suscitant des spéculations sur ses motivations commerciales. Selon le «New York Times», l'entrepreneur semble estimer que l'IA est bénéfique uniquement lorsqu'elle est développée par lui-même.

L'entrepreneur tech Elon Musk veut freiner le développement et investit en même temps dans l'IA.
Photo: EPA

Yuval Noah Harari, historien

L'éminent historien et auteur à succès israélien a exprimé dès 2016 sa mise en garde contre le pouvoir de l'intelligence artificielle, soulignant dans «The Economist» que cette technologie représentait une menace fondamentale pour notre démocratie. Selon Yuval Noah Harari, si l'IA influence le langage, cela pourrait compromettre notre capacité à mener des conversations et, par conséquent, détruire notre démocratie. Alors que des conquêtes techniques passées ont également présenté des défis pour l'humanité, telles que l'Internet ou les armes nucléaires, jusqu'à présent, nous avons pu limiter les dangers de ces technologies grâce à des règles bien établies. Cependant, avec l'IA, cette approche pourrait devenir impossible, car elle génère de nouvelles idées et prend des décisions échappant au contrôle humain.

L'historien israélien Yuval Noah Harari craint la fin de la démocratie à cause de l'IA.
Photo: SOPA Images/LightRocket via Getty Images

Yann LeCun, responsable de la recherche en IA chez Meta

Selon Yann LeCun, chef de la recherche en intelligence artificielle chez Meta, la maison mère de Facebook, l'humanité peut grandement bénéficier de l'IA. Lors d'une visite des laboratoires de recherche à Paris effectuée par Blick début juin, il a déclaré: «Nous aurons des machines aussi intelligentes, voire plus intelligentes que les humains.» Cependant, pour le moment, c'est encore une vision d'avenir, car l'IA n'est même pas aussi intelligente qu'un chien. Yann LeCun estime que les humains ne devraient pas se sentir menacés par l'IA, mais plutôt renforcés. Il pense que les films hollywoodiens tels que «Terminator» ont contribué à donner une image négative de l'IA. Selon lui, «l'intelligence artificielle ne prendra pas le contrôle de l'humanité. Après tout, nous la testons sur des ordinateurs et nous pouvons toujours débrancher la prise». Tant que l'IA est réglementée, elle peut déployer tout son potentiel sans devenir dangereuse pour l'homme. Yann LeCun imagine un avenir où nous serons entourés de machines intelligentes qui nous rendront plus efficaces et plus créatifs. Quant à savoir si cela se fera via nos téléphones portables, pour le chercheur, cela sera tout au plus le cas au début. Il envisage un avenir où les êtres humains et la technologie fusionneront et interagiront naturellement.

Voit un énorme potentiel dans l'application à grande échelle de l'IA: le chercheur principal en IA chez Meta, Yann LeCun.
Photo: Bloomberg via Getty Images

António Guterres, secrétaire général de l'ONU

Le secrétaire général des Nations Unies exprime ses préoccupations quant aux fake news et à la désinformation, et plaide en faveur de la création d'une autorité de surveillance de l'intelligence artificielle (IA) pour assurer la sécurité mondiale. Il propose de s'inspirer du modèle de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). António Guterres envisage une autorité qui superviserait l'utilisation de l'IA, établirait des règles respectant les droits de l'homme et garantirait l'État de droit.

Demande une régulation comme pour les armes nucléaires: António Guterres, secrétaire général de l'ONU.
Photo: keystone-sda.ch
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