Les Français de Suisse savent très bien qui il est. Les Romands sans doute aussi, tant l'homme – né Kim Jae Duk il y a bientôt 40 ans à Séoul – a multiplié les polémiques ces dernières années. Il est basé à Genève depuis plusieurs années.
Voilà que le sulfureux ancien élu des Français de Suisse et du Liechtenstein à l’Assemblée nationale fait aujourd'hui à nouveau parler de lui: il a pris sa carte à l'UDC, annonce-t-il lui-même sur Facebook, tard jeudi soir.
Et ce même si «c’est une carte électorale perdante à Genève», écrit dans le même post l'ancienne star montante de La République En Marche (LREM). Cela tombe bien, puisqu'il n'a «pas de prétention électorale». «À ce stade», du moins...
Le médecin radiologue de profession, spécialiste du cerveau, avait pourtant commencé sa carrière politique en France au pôle opposé, en tant que membre du du Parti socialiste (PS). Il intègre en suite «La République en marche», formation d'un certain Emmanuel Macron.
C'est sous cette bannière qu'il est élu député dans la circonscription des Français établis en Suisse et au Liechtenstein en 2017. Mais Joachim Son-Forget se fait remarquer par un certain nombre de polémiques dès 2018, qui lui vaudront sa place au sein de la formation du président français.
Ce supposé transfert à l'UDC est le dernier en date d'une longue liste, puisque l'enfant terrible de l'Hexagone, venu en Suisse pour étudier à l'EPFL et employé du CHUV jusqu'en 2019, avait adhéré au parti d'extrême droite «Reconquête!» d'Eric Zemmour, dans la perspective des élections présidentielles.
Le polémiste aux mille et unes vies
D'où vient l'étiquette de «polémiste» collée par les médias à Son-Forget? Là aussi, la liste est longue. Celui qui est aussi claveciniste professionnel et karatéka (entre autres faits biographiques cocasses) avait par exemple défendu les propos homophobes tenus à l'époque par l'homme d'affaires Marcel Campion.
Il s'était par ailleurs attaqué «au pot de maquillage» que la sénatrice Esther Benbassa «se met sur la tête», rappelle le média français «L'Obs» dans un best-of des dérapages du politicien, qui a aussi un passeport... kosovar.
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Son adhésion à l'Union démocratique du centre est-elle un cadeau ou un fléau pour le parti, à l'aube des élections fédérales d'octobre prochain? Contacté par Blick, le parti semble... un peu pris de court – sa section genevoise, du moins.
Le chef de groupe de l'UDC Genève, André Pfeffer, affirme ne pas avoir eu connaissance de cette adhésion avant notre appel. Il confie n'être que vaguement familier avec le profil du Français naturalisé Suisse.
Une fois s'être plus largement renseigné sur Joachim Son-Forget, l'élu de droite retrouve sa répartie: «C’est un médecin qui a des diagnostics tranchants! Il est cultivé, visiblement engagé… Le débat démocratique a besoin de telles personnalités, et je me réjouis de le rencontrer.»
«Je connais très bien votre Cassis»
Egalement contacté, Joachim Son-Forget nous confirme son engagement. Mais pourquoi avoir adhéré à un parti qu'il juge lui-même être celui des «perdants» dans son post Facebook? «Je suis simplement conscient qu'aller à l'UDC, à Genève, ce n'est pas le pari politique le plus simple, explique-t-il. Mais il est intéressant, pour moi, de rejoindre un groupe minoritaire, car je pense que leur opinion doit prendre de l'ampleur, justement. Et elle a plus d'intérêt, pour moi, que celle du Mouvement citoyens genevois, par exemple. Car l'UDC n'a pas le même caractère xénophobe et simpliste que le MCG.»
Il affirme ne pas avoir de prétentions électorales... «à ce stade». Mais envisage-t-il de se faire un jour élire sous la bannière du parti bourgeois? «Ce n'est pas exclu!», rétorque l'ex-politicien macroniste. Avant de mettre l'accent sur son réseau, dont l'UDC aurait tort de se priver. «J'ai beaucoup d'amis au Conseil national, et je connais quelques conseillers fédéraux, avance le citoyen genevois. Je connais aussi très bien votre actuel ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis.»
Et de réaffirmer son admiration pour nos contrées: «J'aime beaucoup le respect qu'il y a entre les gens, ici. Les bords opposés arrivent à trouver des terrains d'entente. J'ai donc la naïveté de croire que c'est une façon plus saine de faire de la politique qu'en France.»