Le directeur de la météo de la SFR sur les prévisions erronées
«La véhémence des critiques m'a surpris»

Bienvenue dans l'ère de la politisation des prévisions météo. SRF Meteo, accusée d'exagérer les vagues de chaleur sur ses visuels, réagit aux critiques.
Publié: 13.08.2023 à 20:03 heures
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Dernière mise à jour: 14.08.2023 à 10:47 heures
Le chef de SRF Meteo, Thomas Bucheli, est pris dans une bisbille pour avoir donné des prévisions erronées.
Photo: Oscar Alessio
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Camilla Alabor

Thomas Bucheli est visiblement bouleversé. Le directeur de la rédaction de SRF Meteo s’est en effet emmêlé les pinceaux à deux reprises, alors qu’il s’adressait au public mercredi. Déclarant qu’il rejetait «avec véhémence» les reproches de la «Weltwoche».

À savoir, il y a une semaine, le magazine conservateur avait suggéré que l’émission météo faussait délibérément les prévisions des températures à l’étranger, pour des raisons politiques. Et ce jusqu’à huit degrés au-dessus de la valeur réelle.

Le conseiller national UDC Thomas Matter s’est lui aussi emparé du sujet: «On utilise SRF Meteo pour propager la panique climatique pendant une année électorale», a-t-il déclaré dans l’émission «Sonntalk». Ce qui n’a pas manqué de déclencher un débat médiatique quant à la politisation de la météo.

Thomas Bucheli a réfuté ces accusations mercredi. «Nous n’influençons pas nos prévisions.» Le chef de la météo a toutefois reconnu que l’algorithme avait surestimé les prévisions de température pour l’étranger pendant la vague de chaleur estivale: «Nous en sommes extrêmement désolés, nous nous excusons formellement pour cette erreur».

La cause de l’erreur?

Graphique à l’appui, Thomas Bucheli a tenté d’expliquer d’où est venue l’erreur. Les prévisions erronées ne concernaient de fait que des localités à l’étranger, où l’on se base sur d’autres modèles de calcul qu’en Suisse. «Nous veillerons à ce que l’erreur soit corrigée», a-t-il également affirmé. Le chef de la météo d’ajouter: «S’il y a des erreurs de pronostic flagrantes — ce qui est heureusement rare —, nous devons en répondre de manière transparente».

Néanmoins, «la véhémence de la critique m’a surpris», précise-t-il. Plus particulièrement en ce qui concerne l’accusation d’influence politique. «Il s’agit d’une regrettable erreur de prévision scientifique, mais qui n’a pas causé d’énormes dégâts non plus».

À titre de comparaison, une fois, SRF Meteo a manqué de prévoir une chute de neige. «Il y a effectivement eu des problèmes. Les chasse-neige ne sont pas intervenus à temps, des voitures sont restées bloquées, il y a eu des accidents, se souvient Thomas Bucheli.

«Reconnaître une erreur»

Cet incident démontre bien une chose: la météo se politise de plus en plus, en Suisse, de nos jours. À l’image de débats qui ont déjà vu le jour aux États-Unis, en Angleterre ou encore en Espagne. Dans ces pays, les météorologues qui font un lien entre des événements comme les vagues de chaleur ou les inondations et le réchauffement climatique se font régulièrement attaquer.

En Suisse aussi, désormais? «Il y a toujours eu des voix critiques quant au changement climatique», rétorque Thomas Bucheli. «Le sujet est très émotionnel, il touche les gens». Toutefois, certaines critiques frisent parfois l’absurde: «On nous a déjà critiqués pour avoir représenté des températures élevées en rouge, alors que c’est ce qui est indiqué sur tous les thermomètres…». Ce qui laisse le chef météo «un peu perplexe».

Quoi qu’il en soit, Thomas Bucheli dit assumer, s’il lui arrive de fauter: «Se tenir devant des millions de téléspectateurs et reconnaître une erreur, cela demande de la grandeur». Bien que, pour la SRF, la controverse tombe plutôt mal: le média se faisant de plus en plus accuser, par la droite comme par la gauche, de partialité, et de défendre des positions «trop partisanes». Et, cette semaine, l’UDC a déposé son initiative qui vise à réduire la redevance radiotélévision de 335 à 200.

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