Tous les groupes au Grand Conseil vaudois, à l’exception de celui de l’Union démocratique du centre (UDC), ont signé ce 14 novembre une prise de position commune. Objectif: dénoncer l’augmentation des actes antisémites et islamophobes en lien avec la guerre Israël-Hamas.
Questionné par Blick, le nouveau conseiller national Yvan Pahud, chef du groupe conservateur jusqu’à ce mardi, expliquait cette décision en appuyant en substance que des élus cantonaux n’avaient pas à prendre position sur un conflit international et que cette démarche était essentiellement opportuniste. Des arguments qui ne sont pas du tout du goût du député Nicola Di Giulio, lui aussi UDC.
L’enquêteur de police en convalescence confie à Blick, par écrit, que cette décision lui cause «une déception amère». L’ex-président du Conseil communal (législatif) de Lausanne assène en outre que son parti «semble avoir manqué de hauteur et d’esprit» et concède que la notion d’islamophobie a certainement crispé certains de ses collègues. Interview sans aucune langue de bois.
Nicola Di Giulio, regrettez-vous que votre parti, l’UDC, n’ait pas signé la prise de position contre l’antisémitisme, l’islamophobie et le racisme en lien avec le conflit israélo-palestinien?
Certes, l’UDC Vaud aurait dû faire taire ses différences et se joindre aux autres partis politiques. Aujourd’hui, me concernant, une déception amère persiste, regrettant que tel n’ait pas été le cas.
Si vous étiez chef de groupe, auriez-vous poussé pour que l’UDC paraphe ce texte?
C’est indéniable. C’est la moindre des choses à faire, bien installés dans nos fauteuils de député. D’ailleurs, sous ma présidence au Conseil communal de Lausanne, l’UDC Lausanne avait su le faire pour l’Ukraine en 2021, en pleine élection cantonale.
Alors pourquoi votre parti ne s’est pas mouillé cette fois-ci?
Il semble avoir manqué de hauteur et d’esprit en prétendant que nous nous limitons à la politique cantonale, refusant de prendre position sur un conflit international. Personnellement, je ne vois aucune intention de récupération politique, car cette question concerne tous les partis. Il n’y a donc aucun intérêt partisan.
Certains disent que c’est la notion d’islamophobie qui a crispé votre famille politique. C’est vrai?
Certainement. Au sein de l’UDC comme dans tout parti, les opinions divergent. L’islamophobie peut être un sujet de débat, chaque membre ayant sa sensibilité. Reconnaître cette diversité est essentiel, car la politique n’est pas un monologue, mais un dialogue complexe où chaque voix compte.
Éstimez-vous que l’islamophobie est quelque chose d’aussi grave que l’antisémitisme?
De l’islamophobie à l’antisémitisme, toutes les formes de discrimination sont inacceptables et doivent être condamnées. Elles reflètent l’intolérance et la haine envers des groupes spécifiques en raison de leur religion ou origine, avec des conséquences graves. Comparer leur gravité peut être complexe, mais reconnaître que toute discrimination va à l’encontre des principes de respect, tolérance et égalité est essentiel. La lutte contre toutes les formes de discrimination est une responsabilité collective pour construire une société.