Le Conseil communal veut sévir
Faudra-t-il bientôt casquer pour parquer son SUV à Lausanne?

Après une pétition, un premier postulat et des résolutions, le Conseil communal lausannois s'attaque encore aux SUV, les «grosses voitures». Une élue Ensemble à Gauche veut faire cracher les conducteurs qui se parquent. Interview.
Publié: 22.03.2024 à 07:01 heures
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Dernière mise à jour: 27.03.2024 à 09:27 heures
La Volkswagen Tiguan, SUV et voiture la plus achetée de Suisse. Franziska Meinherz aimerait que les pilotes de SUV paient le parking beaucoup plus cher, sans préciser combien.
Photo: KEYSTONE/DR
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

Plus votre voiture est lourde, plus le parking coûtera cher. C’est la mesure récemment adoptée par Paris, et bientôt par Lausanne? Un nouveau postulat, déposé par la conseillère communale (législatif) Franziska Meinherz, militante Ensemble à Gauche (EàG), veut en finir avec les SUV en ville, rapporte «24 Heures».

Ces sport utility vehicles, ou «véhicules utilitaires sport» au Québec, sont déjà la bête noire de certains Lausannois, qui ont lancé une pétition pour les bannir. L’élue EàG, dont le domaine de recherche était justement la mobilité lorsqu'elle préparait son doctorat à l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), préfère pour l’instant faire casquer les conducteurs qui parquent leurs (grosses) voitures dans la capitale olympique. Son texte ne précise pas combien, mais dans la Ville Lumière, il en coûtera 18 francs de l'heure à ceux qui gareront des voitures version XL.

«La Suisse est le premier acheteur de SUV en Europe, proportionnellement à sa population», déplore Franziska Meinherz, au téléphone depuis un train allemand. Pour elle, les pilotes de voitures thermiques qui pèsent 1,6 tonne vide, et d'hybrides ou électriques qui font 2 tonnes, doivent payer «significativement» plus cher pour stationner. Interview.

Franziska Meinherz, tant qu’on y est, pourquoi ne pas carrément interdire la vente de SUV?
Une ville n’a pas la compétence d’interdire la vente des SUV, cela doit se faire au niveau fédéral. On réfléchit à la faisabilité. Je trouvais l’initiative parisienne très pertinente. C’est une bonne idée de s’en inspirer plutôt que de réinventer la roue à chaque fois. Ça n’est pas exclu de réfléchir à de prochaines étapes, comme des conditions d’entrées spécifiques dans les villes, selon les véhicules.

C’est quoi le problème de ces voitures en particulier?
Elles émettent énormément de CO2. Elles sont très grandes, très lourdes, encombrantes dans nos villes qui ne sont pas conçues pour ces véhicules. Elles sont dangereuses pour les enfants, qui ne sont pas visibles depuis le siège du conducteur. Moi, je me déplace à vélo et je me rends compte à quel point les voitures qui m’entourent sont énormes.

Franziska Meinherz, conseillère communale Ensemble à Gauche à Lausanne, est arrivée en politique par le militantisme écologique.

Et les familles qui ont besoin de grosses voitures, de plus de cinq places?
Toutes les voitures de sept places ne sont pas des SUV. Il y a des critères de poids et de taille, donc les SUV sont des voitures qui n’offrent pas forcément plus de place, mais sont juste énormes, trop grandes pour nos places de parking.

Si l'idée n'est pas de pénaliser les familles, pourquoi ne pas imaginer une taxe, ou un parking plus cher, selon la valeur du bien?
Il faut un projet praticable. On ne peut pas exiger de la police qu'elle aille googler la valeur de chaque voiture qui est garée quelque part. Identifier un SUV c'est assez facile de première vue. Il faut que le postulat soit mis en œuvre de manière assez simple.

Comment identifier un SUV?
C'est une combinaison entre poids, largeur, et surtout aussi hauteur, puisque c'est justement la hauteur du capot qui les rend si dangereux!

Et comment distinguer un SUV d'une voiture de livraison?
La Municipalité peut très bien décider que la mesure ne s'applique pas aux voitures de livraison ou aux véhicules de commerçants. Les conclusions du postulat sont assez larges, afin de laisser une marge de manœuvre à l'Exécutif.

Il y a vraiment tant de SUV que ça à Lausanne?
Oui, une voiture sur six qui roule est un SUV, enfin, c'est un comptage de 2019, la part doit avoir augmenté maintenant puisque selon les derniers chiffres, 50% des voitures achetées en Suisse sont des SUV. La population lausannoise a lancé une pétition pour bannir les SUV de la ville. Le Conseil communal s’est déjà attaqué au problème.

Qu’est-ce qui va changer cette fois, avec votre texte?
Le modèle parisien s’adresse aux voitures de tourisme, pas à celle des résidents. Et les ménages qui achètent des voitures de ce type sont généralement plutôt aisés. La Municipalité pourra mettre en œuvre comme elle voudra et étendre ou non aux résidents, mais dans les deux cas, l’idée est très facilement réalisable.

Et avec l’argent, on fera quoi?
Je demande que l’argent perçu du stationnement de ces voitures lourdes soit dédié à la mise en œuvre du plan climat lausannois.

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