C'est une première pour la conseillère fédérale Elisabeth Baume-Schneider. Jeudi, elle annoncera pour la première fois en tant que nouvelle ministre de la Santé l'ampleur de l'augmentation des primes d'assurance maladie pour l'année prochaine. En moyenne, il devrait s'agir de plus de 5%. C'est tout de même moins que les 8,7% de hausse de cette année…
L'annonce tombe au mauvais moment, car le 24 novembre prochain, les électeurs se prononceront sur la prochaine grande réforme de la santé. La question des primes devrait alors devenir le point d'achoppement décisif qui fera vaciller la réforme. Les syndicats, emmenés par le Syndicat des services publics (SSP), ont lancé le référendum et mettent en avant la menace de coûts supplémentaires: «Des primes encore plus élevées?», questionnent-ils sur leur affiche de votation, dont Blick a pu prendre connaissance.
Nouvelle clé de répartition
Pourtant, l'espoir d'un allègement des primes était à l'origine de la réforme. La clé pour y parvenir: le financement uniforme des prestations ambulatoires et hospitalières (Efas). Aujourd'hui, les traitements ambulatoires sont payés uniquement par les caisses d'assurance maladie, avec l'argent des primes. Les prestations stationnaires – avec nuitée à l'hôpital – sont prises en charge à 55% au moins par les cantons, le reste par les assureurs maladie.
Les coûts de tous les traitements sont désormais répartis différemment. Les cantons paieront à l'avenir au moins 26,9% des coûts totaux, les payeurs de primes 73,1%. L'idée est de transférer les coûts du secteur hospitalier, plus cher, vers le secteur ambulatoire, moins onéreux, afin de les maîtriser.
Les soins de longue durée: un facteur de coûts
Mais il y a un hic. Sous la pression des cantons, les soins de longue durée ont également été inclus dans le projet. Avec le vieillissement croissant, les caisses d'assurance maladie risquent d'être confrontées à des coûts supplémentaires massifs. «Jusqu'à présent, les contributions aux homes et aux soins à domicile étaient plafonnées. Maintenant, les coûts sont transférés des cantons vers les payeurs de primes», avertit Reto Wyss de l'Union syndicale suisse (USS).
Il renvoie à une étude de Santésuisse, qui prévoit 5 milliards de francs supplémentaires en 2035 et même 10 milliards de francs de plus en 2040. «La réforme est une boîte noire qui conduit successivement à une explosion des primes», affirme Reto Wyss.
Les dirigeants de l'UDC favorables au non
Les syndicats ne sont pas les seuls à s'en mordre les doigts, l'Union démocratique du centre (UDC) pourrait également basculer dans le camp du non. Au Parlement, la majorité du groupe parlementaire a encore soutenu le projet. Désormais, le comité directeur du parti propose à l'unanimité à l'assemblée des délégués de voter non, comme le confirme le chef du groupe Thomas Aeschi.
«L'intégration des soins de longue durée entraînera à moyen terme une hausse inacceptable des primes, déplore-t-il. Si nous menons l'assurance-maladie dans le mur de cette manière, nous aboutirons à une caisse unique. Et cela, nous ne le voulons pas.»
Thomas Aeschi ne se risque toutefois pas à prédire si la base se ralliera à la direction du parti, car il existe aussi un fort camp du oui au sein de l'UDC. «Les représentants des communes et les directeurs de la santé espèrent que la suppression du plafond des soins de longue durée leur permettra de réduire leurs coûts», explique le chef de parti.
Des fronts confus
Il n'y a pas qu'à l'UDC que les fronts sont embrouillés. Ainsi, le Parti socialiste (PS) a certes décidé de dire non, mais au Parlement, la majorité du groupe s'est encore prononcée en faveur du projet. Deux sections cantonales ont aussi décidé, jusqu'à maintenant, de dire oui. Quant aux Vert-e-s, ils laissent la liberté de vote.
Le Parti libéral-radical (PLR), les Vert'libéraux et le Centre s'engagent ensemble pour le oui. C'est ce dernier qui a lancé la réforme, avec une intervention déposée en 2009 par l'ancienne conseillère nationale Ruth Humbel. L'Argovienne espère que l'entreprise sera couronnée de succès dans les urnes. «Si nous voulons faire avancer la situation et alléger les primes, les cantons doivent également participer aux coûts ambulatoires», explique-t-elle.
Le financement uniforme crée de meilleures conditions pour les soins intégrés. En fin de compte, le potentiel d'économies compense au moins partiellement les coûts supplémentaires des soins de longue durée, selon Ruth Humbel. Elle mentionne les dires d'Elisabeth Baume-Schneider, qui considère cette votation comme la réforme de la santé la plus importante depuis l'introduction de la loi sur l'assurance maladie en 1996. «Elle doit tout simplement réussir!»