La pression monte
Les cantons envisagent des restrictions pour les personnes non-vaccinées

En Italie et en France, personne n'est autorisé à se rendre dans un bar, une salle de concert ou un cinéma sans un certificat Covid ou une preuve de test récent. En Suisse, le directeur général de la santé envisage désormais lui aussi cette mesure.
Publié: 25.07.2021 à 12:57 heures
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Dernière mise à jour: 26.07.2021 à 14:19 heures
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En Italie et en France, à partir du mois d'août, personne ne sera autorisé à se rendre dans un bar, un concert ou un cinéma sans certificat de vaccination ou la preuve récente d'un test.
Photo: keystone-sda.ch
Tobias Marti, Alexandre Cudré (adaptation)

L’Italie a désormais elle aussi resserré la vis: neuf jours avant le Ferragosto, soit le 15 août, date à laquelle la mobilité ferroviaire et automobile est forte en Italie, des restrictions drastiques entrent en vigueur. Elles concernent les personnes qui n’ont pas été vaccinées contre le Covid-19 ou qui ne possèdent pas de certificat de vaccination.

Sans le «Certificato verde» — le certificat vert, du nom de la couleur du document en Italie — pas de musée, pas de cinéma et pas de concert possible, a annoncé vendredi le Premier ministre Mario Draghi.

Zona Rossa

L’interdiction des restaurants, qui s’applique également à partir du 6 août, a suscité une colère particulière parmi les citoyens. Les bars, les trattorias et les gelaterias deviendront une «zona rossa», c’est-à-dire une zone rouge: quiconque voudra y séjourner devra être muni d’un carnet de vaccination, ce qui découragera même les plus avides de vacances.

Le président français Emmanuel Macron a été le premier à faire savoir que les plaisirs de l’été pourraient être gâchés. Afin d’endiguer le variant Delta, le pass sanitaire sera obligatoire pour tous les Français à partir du mois d’août s’ils veulent se rendre dans un bistrot ou voyager en TGV, entre autres.

Moins de la moitié de la population complètement vaccinée

Les pays voisins au sud et à l’ouest se referment. En Suisse, on commence à se demander ce qui va se passer après les grandes vacances. Ici aussi, la campagne de vaccination traîne en longueur. Seule 46% de la population est entièrement vaccinée. Et le nombre de doses de vaccin administrées chaque jour ne cesse de diminuer.

Entre-temps, le nombre d’infections quotidiennes va bientôt dépasser les 1'000, comme l’a averti l’OFSP cette semaine. Les nouveaux cas doublent chaque semaine depuis un certain temps. Le taux de reproduction R a déjà atteint — à nouveau — 1,44.

Le Conseil fédéral se concentre sur les nouvelles hospitalisations

Le Conseil fédéral continue de miser sur la carotte plutôt que le bâton. Ou plutôt: sur le gâteau. Cette semaine, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) en a offert à tous ceux qui se sont rendus spontanément sur la Place fédérale pour se faire vacciner: «Persuader au lieu de discriminer», c’est ainsi que Virginie Masserey a résumé la stratégie de l’OFSP.

Quant au bâton, le Conseil fédéral dit ne vouloir s’en servir qu’à partir 120 nouvelles hospitalisations par jour. Nous sommes encore loin de ce chiffre. Pour l’instant, les autorités laissent donc leur caravane de vaccination sillonner le pays et continuent leur campagne d’influence positive.

Lukas Engelberger, président de la Conférence des directeurs cantonaux de la santé (CDS), répond au SonntagsBlick de manière ferme quant à savoir s’il faut attirer les jeunes avec des extras: «la vaccination elle-même est un encouragement suffisant! Les nombreuses personnes de toutes les tranches d’âge qui ont déjà été vaccinées en sont la preuve.» Lukas Engelberger considère également que le certificat, valable à long terme, est suffisamment attractif.

«Un empiètement sur la liberté individuelle»

Les cantons se montrent souvent plus répressifs que la Confédération et envisagent désormais sérieusement des restrictions pour les personnes non-vaccinées. Lukas Engelberger, également Conseiller d’Etat de Bâle-Ville (Centre), déclare sans ambages: «Si le nombre d’infections et d’hospitalisations continue d’augmenter, il faut envisager de prolonger l’obligation de vaccination.»

Selon lui, «les petites manifestations, les activités et événements sportifs, les centres de fitness, la gastronomie et les visites d’hôpitaux et de maisons de retraite» seraient concernés par le certificat de vaccination obligatoire. En d’autres termes, la Suisse se dirigerait rapidement dans la même direction que l’Italie et la France.

Il rejette avec véhémence d’autres suggestions sur la manière de motiver les opposants à la vaccination. «Je n’y suis pas favorable», dit-il, par exemple à propos de la proposition selon laquelle le personnel infirmier non-vacciné devrait à l’avenir porter un badge. «Cela me semble être un empiètement disproportionné sur la liberté individuelle».

La vaccination doit aussi être possible sans rendez-vous

Il rejette également la demande de rendre payants les tests rapides destinés aux fêtards et autres vacanciers: «Les tests doivent rester en accès libre.» Il craint que, dans le cas contraire, la volonté des jeunes de passer des tests ne diminue considérablement.

Selon le président de la CDS, les cantons réfléchissent en tout cas aux moyens d’accroître encore la volonté de vaccination après les fêtes. Dans tout le pays, il devrait être possible d’administrer des injections sans rendez-vous. Des équipes de vaccination mobiles sur le lieu de travail ou devant les centres commerciaux, où l’offre est particulièrement sollicitée le samedi, seraient ajoutées. En outre, la population migrante doit être ciblée.

Combien de vagues encore?

Il fallait s’attendre à ce que les vacances entraînent un certain ralentissement de la campagne de vaccination, continue Lukas Engelberger. Il explique la stratégie des cantons: «Nous devons maintenant faire preuve de persévérance pour convaincre ceux qui attendent pour encore se faire vacciner.»

Mais comment obtenir l’adhésion des hésitants? C’est la grande question qui tiraille les autorités en ce moment. Comme le montrent les recherches du SonntagsBlick, l’OFSP travaille en coulisses sur un nouvel instrument pour répondre à cette question cruciale. Il confirme qu’un «atelier est en cours de planification».

Collaboration accrue entre cantons et Confédération?

Selon l’Office, tous les cantons peuvent participer volontairement. L’OFSP agit «en tant que modérateur et souhaite offrir une plateforme qui puisse conduire à une augmentation du taux de vaccination». Toutefois, la mise en œuvre reste de la responsabilité des cantons.

L’OFSP reste toutefois silencieux sur les mesures qui pourraient être élaborées dans le cadre de la collaboration entre les différentes autorités. Sur demande, elle se contente de dire qu’un projet est en cours d’élaboration. Toutefois, plusieurs cantons ont manifesté un vif intérêt à cet égard.

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