La nouvelle surveillance de l'espace aérien en suspens
Les retards du projet menacent la sécurité des forces aériennes

Le système suisse de surveillance de l'espace aérien Florako est obsolète. Il doit être remplacé par un nouveau système. Mais l'armée a clairement sous-estimé les risques de ce projet qui coûte cher et menace l'espace aérien.
Publié: 10.10.2024 à 18:23 heures
|
Dernière mise à jour: 10.10.2024 à 19:35 heures
1/5
L'armée veut renouveler son système de surveillance de l'espace aérien. Mais les risques ont été nettement sous-estimés.
Photo: keystone-sda.ch
RMS_Portrait_AUTOR_817.JPG
Joschka Schaffner

L'armée suisse est menacée d'une débâcle de 300 millions: le nouveau système acheté pour la surveillance de l'espace aérien et le guidage des avions de combat est en attente depuis des mois. De ce fait, le risque de voir le système obsolète Florako tomber en panne augmente de jour en jour. C'est ce que révèlent les recherches de la «Radio SRF».

Florako, en service depuis 20 ans, surveille l'espace aérien suisse et dirige les interventions des forces aériennes. Il devrait être remplacé par le nouveau système Skyview du groupe d'armement français Thales.

L'armée a sous-estimé les problèmes informatiques

En 2020, le Parlement a accordé 155 millions de francs à cet effet. En interne, l'armée appelle le projet «C2AIR», qui doit être exploité via une nouvelle plateforme numérique avec deux centres de calcul. Mais peu après la décision du Parlement, des problèmes sont apparus. L'intégration de Skyview dans les centres de calcul a été massivement sous-estimée. C'est pourquoi le Parlement a dû accorder 159 millions de francs supplémentaires dans le message sur l'armée 2023.

Toutefois, le projet n'a toujours pas démarré. En février, l'armée a réévalué les risques et stoppé les travaux jusqu'à ce que suffisamment d'informations soient disponibles sur les adaptations nécessaires. Pendant l'été, un groupe de travail a cherché fébrilement des variantes moins risquées.

Le chef de l'armée a informé la Délégation des finances

Le 10 septembre, le groupe de travail délivre une mauvaise nouvelle au comité de programme: non seulement les risques n'avaient pas diminué, mais ils avaient même augmenté. De plus, les longs délais de livraison actuels des équipements informatiques auraient une influence supplémentaire sur le projet.

Le comité de programme a donc décidé de continuer à suspendre C2AIR. Des solutions doivent être trouvées d'ici à la fin de l'année. Le chef de l'armée Thomas Süssli a informé la Délégation des finances du Parlement, composée de six membres, il y a deux semaines. Son président, le conseiller aux États zougois du centre Peter Hegglin, s'est montré alarmiste: «Tous les projets pour lesquels le système de feux de signalisation ne passe plus au vert, mais se dirige vers l'orange et le rouge, m'inquiètent.»

Panne des anciens systèmes «déjà possible aujourd'hui»

Initialement, le lancement du nouveau système était prévu pour 2025, mais l'armée part désormais du principe que le projet prendra fin en 2030, soit cinq ans plus tard que prévu. Pour l'armée de l'air, la situation est inconfortable: plus longtemps les systèmes obsolètes Ralus et Lunas devront continuer à être exploités, plus le risque de panne sera grand.

Le comité de programme a donc mandaté des mesures visant à prolonger l'utilisation de Ralus et Lunas. L'armée part du principe que le système actuel pourra rester en service jusqu'en 2029. En même temps, elle doit admettre que «dès aujourd'hui, une panne des systèmes serait possible». Elle souligne toutefois que cela reste «très improbable». L'armée explique qu'il existe des mesures qui s'appliqueraient en cas de panne. Elle ne précise pas de quelles mesures il s'agit exactement.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la