Verena Nold, vous vous êtes prononcée en faveur de l'initiative sur le frein aux coûts du parti du Centre et vous vous retrouvez donc seule.
C'est bien dommage. Depuis des années, les politiques se plaignent qu'une famille normale ne peut plus se permettre de payer ses primes. Et en même temps, le Parlement empêche depuis des années la mise en place de mesures d'économie efficaces: les paquets de mesures de maîtrise des coûts proposés par le conseiller fédéral Alain Berset ont été tellement édulcorés par le Parlement qu'il y a même maintenant un risque de coûts supplémentaires.
Le frein aux coûts est-il une mesure efficace?
Au moins, il augmente la pression sur la Confédération et les cantons pour qu'ils prennent des mesures contre la croissance constante des coûts: si l'initiative est acceptée, il faudra agir immédiatement. En effet, cette année encore, il semble que les coûts de l'assurance de base augmentent plus fortement que les salaires. En janvier et février, les coûts étaient presque 7% plus élevés que l'année dernière à la même période.
Les opposants à l'initiative mettent en garde contre une médecine à deux vitesses et contre un rationnement.
C'est pour faire peur! Il y a des absurdités dans le système. Nous avons encore beaucoup trop d'hôpitaux – chaque vallée a son hôpital, ce qui est également mauvais pour la qualité des traitements. Si Saint-Gall, par exemple, veut aussi un centre de cardiologie, ce sera une aberration en termes de qualité et de coûts. Nous nous sommes donc défendus en déposant un recours en faveur des assurés. On ne peut vraiment pas parler d'une médecine à deux vitesses. Prenez par exemple les analyses de laboratoire: elles sont deux fois moins chères à l'étranger qu'en Suisse. Si l'on y ajoute les réductions de prix des médicaments trop chers en Suisse, on peut économiser un milliard de francs par an sans modifier la loi. Cela représente près de 3% des primes!
Mais en Suisse, les salaires et autres coûts sont également plus élevés qu'à l'étranger. Nous ne voulons pas de dumping salarial, d'autant plus qu'il y a de toute façon une pénurie de main-d'œuvre qualifiée.
Nous ne voulons pas non plus de dumping salarial. Prenons un exemple: en Suisse, nous payons les médicaments génériques deux fois plus cher que dans les autres pays européens. Et ici, on ne peut pas argumenter avec les salaires suisses: les médicaments proviennent de la même usine en Inde ou au Pakistan – peu importe qu'ils soient vendus chez nous ou en Allemagne. C'est de la pure ponction sur le pouvoir d'achat! La Confédération a donc voulu introduire un système de prix de référence pour les génériques, mais elle a échoué face au lobbying massif de l'industrie pharmaceutique et des médecins. Mais le problème est aussi que l'assurance de base se transforme de plus en plus en une assurance tous risques.
Qu'entendez-vous par là? Vous voulez réduire le catalogue de prestations?
La tendance est à l'élargissement du catalogue de prestations et non le contraire, nous devons enfin y mettre un terme. Mais oui, nous devrions effectivement avoir à nouveau la discussion de savoir si toutes les prestations doivent vraiment être incluses dans l'assurance de base. Mais en fait, je m'intéresse à autre chose: l'assurance maladie est une assurance pour les maladies. Mais aujourd'hui, plus de trois milliards de francs sont déjà dépensés par les seuls assureurs pour les soins de longue durée.
Ce bloc de coûts devrait encore s'accroître compte tenu du vieillissement de la société.
Oui, les coûts y afférents vont massivement augmenter et peser sur l'assurance de base. D'autant plus que le Parlement a intégré les soins dans la grande réforme visant à uniformiser le financement des prestations hospitalières et ambulatoires. Nous estimons qu'en 2035, les payeurs de primes devront payer cinq milliards de francs de plus que si l'on y avait renoncé, et même dix milliards de plus en 2040, en raison de cette décision. Ce n'est plus supportable, nous avons besoin de nouvelles solutions.
A quoi pourraient-elles ressembler?
C'est aux politiques de décider. Mais en Allemagne, par exemple, les soins sont financés par une assurance dépendance qui, comme l'AVS, se compose de cotisations des employés et des employeurs.