Les passages à l'acte, comme la prise d'otages près d'Yverdon, sont provoqués par le désespoir, selon un psychiatre. Les décisions prises dans le système suisse placent les requérants d'asile dans une situation d'impuissance totale.
«Ça fait trente ans que je travaille avec des personnes en situation d'asile, et je remarque une dégradation de leur santé qui va de pair avec celle des conditions d'accueil en Europe et en Suisse», déclare Jean-Claude Métraux, psychiatre spécialisé dans la prise en charge des migrants, dans «Le Matin Dimanche».
Sur la prise d'otages
Une incertitude absolue
En Suisse, la nouvelle gestion des centres fédéraux implique à la fois une incertitude absolue qui peut durer cent quarante jours et une impossibilité pour les migrants de trouver une période de tranquillité, ajoute-t-il.
II s'exprime deux jours après la prise d'otages près d'Yverdon par un requérant d'asile iranien de 32 ans, abattu par la police. Un passage à l'acte provoqué, aux yeux du spécialiste, par le désespoir.
Conditions de sécurité suffisantes nécessaires
«Les décisions prises ou les situations dans lesquelles le système suisse les met placent les requérants dans une situation d'impuissance totale, estime le Lausannois membre de Médecins Action Santé Migrants. Souvent, ils ont le sentiment qu'on ne les croit pas, ou même que les personnes qui doivent les entendre sont méprisantes.»
Pour Jean-Claude Métraux, la Suisse doit offrir des conditions de sécurité suffisantes pour que les personnes fassent leur deuil, envisagent leur renvoi, élaborent un autre avenir. Elle pourrait par exemple leur octroyer quelques mois pour qu'elles puissent se poser avant toute décision. Le suivi pourrait aussi être amélioré pour permettre plus de stabilité.
(ATS)