Ils ont reçu un ordre d'évacuation
Les activistes du Bois de Ballens sommés de dégager mais la lutte continue

Si la fin de l'occupation semble proche à Ballens, les activistes climatiques ont remporté une petite victoire. Leur action a éveillé les consciences (vertes) des riverains. Ces derniers viennent de fonder une association pour continuer le combat.
Publié: 25.06.2024 à 22:05 heures
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Petra Benamo et Cédric Gendre ont été convaincus par l'action des militants climatiques. Ces habitants de la région ont fondé l'association pour la Sauvegarde des Bois de Ballens et environs.
Photo: DR

Viendra, viendra pas? La police avait pour ordre d’évacuer les militants à 18h tapantes. Souvenez-vous, Blick vous avait déjà rendu visite à ces activistes climatiques qui occupaient le Bois de Ballens depuis samedi 14 juin pour dénoncer la lutte que se livrent les deux géants du béton Holcim et Orlatti sur cette terre appelée à devenir le plus vaste gisement de gravier du canton de Vaud.

Un qui est venu, c’est le préfet du district de Morges. Il est 16h30 et Boris Cuanoud, en costume bleu, signifient aux quatre militants qui lui font face (et la soixantaine d’activistes et habitants des villages environnants) qu'il est temps pour eux de lever les voiles.

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«Grâce à cette action, nous sommes parvenus à sensibiliser et mobiliser les habitantes et habitants des villages environnants»
LUDWIG*, ÉTUDIANT ET OCCUPANT DU BOIS DE BALLENS
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La veille, les occupants de la forêt du Sépey avaient déjà reçu la visite, de bon matin, des gendarmes. «Ils ont débarqué à 30, avec des armes, ont secoué nos tentes et nous ont rassemblés pour contrôler un à un nos identités, raconte Ludwig*, cet étudiant de 22 ans, rencontré, mardi dernier. Et de poursuivre: «C’était plutôt angoissant comme expérience. J’ai eu peur qu’ils nous embarquent comme au Mormont.» «Une manœuvre d’intimidation» à laquelle a peu goûté Ludwig. Et il le fait savoir avec verve au préfet installé face à lui. 

Mais Boris Cuanoud, ne bouge pas d’un iota. Les activistes sont désormais en infraction et une intervention de police est possible «sauf avis contraire», dit-il avant de prendre congé et de s’enfoncer dans la forêt.

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«On ne va pas laisser tomber ces jeunes, on va continuer à se battre»
Petra Benamo, membre de l'association pour la «Sauvegarde des Bois de Ballens»
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La décision, forcément, désole les militants qui s’engagent à partir «dans un délai raisonnable et à laisser la forêt 'picobello'». Mais le plus important est ailleurs, explique Ludwig. «Grâce à cette action, nous sommes parvenus à sensibiliser et mobiliser les habitantes et habitants des villages environnants. Ils ont fondé une association pour la Sauvegarde du Bois de Ballens et environs. Le processus démocratique est enclenché», sourit l’étudiant.

Ce que confirme Petra Benamo, membre de cette association fraîchement constituée et composée d'une quinzaine de personnes. «Ces jeunes sont formidables, intelligents, respectueux. J’avais entendu parler de ce projet de carrière, mais je n’en réalisais pas l’ampleur. Je pensais qu’il s’agissait d’une toute petite gravière.» Elle poursuit: «Je suis une maman, qui est venue se promener avec ses enfants dans ces bois. Il en va de ma responsabilité de protéger cette nature. On ne va pas laisser tomber ces jeunes, on va continuer à se battre.» 

D’ailleurs, un habitant de Ballens a proposé son terrain aux militants climatiques afin qu’ils poursuivent leur action. «C’est la preuve que notre combat fonctionne, c’est un joli signe de reconnaissance», conclut une militante avant de se réfugier sous une tente. À 18h30, la menace vient du ciel, pas de la police qui n’a, pour l'heure, pas pointé le bout de son nez.

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