Le Ministère public vaudois réclame 19 mois de prison avec sursis à l'encontre de Christophe Loperetti, conseiller communal à Yverdon et président de l'UDC locale. Il lui est notamment reproché un trafic de faux certificats Covid, pour lequel la défense demande l'acquittement. Jugement mercredi à 16h.
Mercredi matin face à ses juges, Christophe Loperetti a reconnu avoir fourni «au moins» 49 faux certificats à diverses connaissances entre 2020 et 2021. Il a affirmé avoir agi pour aider des personnes «privées de leurs droits fondamentaux car refusant de se faire injecter un vaccin expérimental.»
A lire aussi
Il a assuré n'avoir réalisé aucun bénéfice et reconnu qu'il n'avait pas saisi, à l'époque, l'illégalité de son trafic. «Tout était flou et je ne me rendais pas compte des implications. Avec le recul, je réalise mon erreur», a-t-il relevé.
A l'inverse, le procureur Christian Maire a estimé que Christophe Loperetti avait agi «par appât du gain sous couvert d'idéaux, et ce au mépris de la santé publique.» Selon ses calculs, le prévenu, alors au chômage et en difficultés financières, aurait réalisé un bénéfice compris entre 2450 et 12'250 francs.
Pour le procureur, l'élu UDC s'est comporté comme «un véritable trafiquant de drogue», avec son fournisseur, ses rabatteurs et ses clients. Il s'est «moqué de la santé de ses semblables» et a montré «un manque crasse de civisme», a-t-il ajouté lors de son réquisitoire.
Chevaux et alcool
Il a demandé 16 mois de prison avec sursis pour faux dans les titres. A cela, il a ajouté trois mois pour deux autres affaires: une conduite en état d'ébriété, une nuit d'août 2022, et des mauvais traitements infligés aux animaux, comme le révélait Blick le 26 avril. Christophe Loperetti possédait en effet deux chevaux à Grandson, laissés dans un enclos inadapté (sol boueux, objets dangereux à proximité, barrières mal fixées).
Avocat de la défense, David Vaucher a plaidé l'acquittement, sauf pour la conduite en état d'ébriété. Selon lui, Christophe Loperetti a agi par «pure philanthropie» dans le cas des certificats Covid. «Restreindre des libertés amène forcément des levées de boucliers», a-t-il dit.
Avec plusieurs arguments juridiques, il a tenté de convaincre les juges qu'il ne pouvait pas y avoir de faux dans les titres. Et notamment car son client n'était pas responsable de l'usage de ces faux certificats. Ceux-ci étant par ailleurs fabriqués en France, c'est le Code pénal de ce pays qui devrait s'appliquer, a-t-il estimé.
«Un politicien qui dérange»
L'avocat a prétendu que le Ministère public «s'acharnait» sur son client, «un politicien qui dérange.» Me Vaucher a aussi mentionné les liens d'amitié de Christophe Loperetti avec son prédécesseur à la tête de l'UDC locale, Ruben Ramchurn, «le trublion» de la vie politique yverdonnoise et un habitué des tribunaux.
Agé de 36 ans et éducateur de formation, Christophe Loperetti a démarré la politique dans les rangs socialistes avant de rejoindre les Vert'libéraux, puis l'UDC. Il siège au Conseil communal depuis 2021. Il est devenu président de la section UDC yverdonnoise l'an dernier et a été reconduit à cette fonction il y a deux semaines, le 17 avril lors de l'assemblée du parti.
(ATS)