Chose promise, chose due. Le 25 janvier dernier, Florence Bettschart-Narbel, députée au Grand Conseil et présidente du Parti libéral-radical (PLR) vaudois, annonçait sur nos plateformes son intention de déposer une résolution sur un sujet éminemment polémique.
De quoi parle-t-on? En pleine grève de la fonction publique, qui demande à l'État la pleine indexation des salaires, des enseignantes et enseignants auraient distribué des tracts politiques à l’entrée du Gymnase lausannois de la Cité.
«Une politisation inacceptable de l’école et des élèves», tonnait en réaction dans un communiqué l'Alliance vaudoise, qui réunit l'Union démocratique du Centre (UDC), le PLR et le Centre. Ce mardi, l'élue bourgeoise lausannoise est donc passée à l'action.
Des sanctions contre les profs?
Son texte, qui demande que «les différentes législations relatives à la neutralité politique dans le cadre scolaire soient désormais respectées par les grévistes, et qu’en cas de violation de celles-ci, des sanctions soient prises», a été accepté par le Grand Conseil. Parlement qui, tout comme le Conseil d'État, est à majorité de droite.
Ce vote n'est par conséquent pas étonnant, lance dans la foulée Raphaël Ramuz, secrétaire syndical au Syndicat des services publics (SSP), contacté par Blick. Mais l'homme s'inquiète: «C'est un contre-feu maladroit et liberticide pour venir à la rescousse d’un gouvernement qui a bien du mal à assumer que son choix est un choix politique, qui implique purement et simplement de baisser les salaires des employées et employés de l'État en refusant d'indexer pleinement les salaires.»
Nie-t-il toute propagande politique au sein du Gymnase de la Cité? Quid du fameux tract désigné par les partis de centre-droit? «L'Alliance vaudoise prend ses rêves pour la réalité, persifle Raphaël Ramuz. Il y a déjà une confusion fondamentale: il ne s'agissait pas d'un texte de propagande politique, mais d'information syndicale. Celui-ci avait uniquement pour but d'informer les élèves sur le litige en cours constaté par l’Organe de conciliation et d’arbitrage de l’État de Vaud et de leur expliquer pourquoi les enseignantes et enseignants n'étaient pas là.»
Plaidoyer pour la liberté d'expression
Admettons. Mais l'établissement n'aurait-il pas dû communiquer en son nom, plutôt que de laisser faire des grévistes qui sont forcément juges et parties, et en plus dans un lien d'autorité avec les élèves? Voici ce que le syndicaliste rétorque, dans un premier temps: «Il faut rappeler que le mouvement de grève est licite, qu’il est le fruit d’un désaccord validé légalement, ce qui fait qu’il n’y a que des parties dans cette affaire: l’État d’un côté et les salariées et salariés de l’autre. De plus, la liberté d’expression des employées et employés des services publics est garantie et souffre très peu de restrictions.»
Avant de rebondir. «La seule limite porte sur la manière d'exercer cette liberté d’expression: il s'agit d'éviter les termes injurieux, diffamatoires ou outrageusement polémiques, ainsi que les incitations à utiliser des moyens illégaux. En clair, ce qui nous occupe aujourd'hui n'a absolument rien à voir cette limite. Même si, et ce n'est pas nouveau, la droite essaie — pour l'instant en vain — de limiter cette liberté d'expression. À noter qu'il est paradoxal de voir Madame Florence Bettschart-Narbel affirmer que la parole des syndicats est malhonnête dans ce conflit alors qu'elle reprend mot à mot les arguments fallacieux de son gouvernement.»
Conclusion? Ce n'est pas demain la veille que les syndicats et l'État enterreront la hache de guerre.