Audace ou pas, cela risque d'être mal perçu par la population suisse. Le Parlement refuse d'accorder aux retraités une augmentation de quelques francs par mois. Mercredi, le Conseil national n'a pas voulu entendre parler d'une pleine compensation du renchérissement pour l'AVS. Il aurait été question de 5 à 12 francs par mois. Jeudi, le Conseil des États lui a emboîté le pas. Les deux Chambres s'étaient pourtant montrées favorables à ce projet dans un premier temps.
Mais lorsqu'il s'agit de ses propres intérêts, l'affaire semble soudain se présenter tout autrement. Comme l'a appris Blick, le bureau du Conseil des États a décidé dès lundi, à une nette majorité, de lancer une initiative parlementaire intitulée «Compensation du renchérissement pour les revenus et la prévoyance des députés».
Sur le renchérissement
Les conseillers nationaux veulent aussi plus d'argent
Il devrait s'agir d'un peu plus que 5 francs. En moyenne, un conseiller national perçoit aujourd'hui 132'500 francs par an. Pour un conseiller aux États, c'est 142'500 francs.
Avec une compensation du renchérissement de 3,2%, un conseiller national recevrait 4240 francs supplémentaires. Un conseiller aux États, lui, verrait son revenu annuel augmenter de 4560 francs. Et ce, pour un travail à temps partiel...
Cette idée a visiblement été bien accueillie par les dirigeants du Conseil national. Tôt jeudi matin, le bureau du National s'est penché sur la proposition et a, lui aussi, clairement approuvé un coup de pouce pour son propre porte-monnaie. Il s'agit maintenant d'élaborer un projet correspondant qui sera soumis au Parlement lors de la session d'été.
L'argument d'une augmentation pour tous et non uniquement pour quelques-uns passe de ce fait à la trappe.
«Cela montre un détachement et une arrogance»
L'UDC ne voit pas cela d'un bon œil. «On ne peut que désapprouver, estime le conseiller national Walter Wobmann, interrogé par Blick. Que l'on puisse avoir une telle idée à l'heure actuelle est complètement à côté de la plaque».
Le Centre et la gauche soulignent régulièrement que le pouvoir d'achat de la population a sensiblement diminué, par exemple en raison des prix élevés de l'énergie et de l'inflation mondiale. Une situation qui inquiète également l'élu soleurois. «Le fait que certains veuillent malgré tout s'octroyer une augmentation de salaire montre le détachement et l'arrogance de certaines personnes de cette haute assemblée, s'énerve Walter Wobmann. Ce n'est malheureusement pas nouveau.» Selon lui, son parti combattra assez certainement cette proposition au Parlement.