Trois terrains de golf de Suisse romande ont eu un peu plus de 18 trous, ce week-end. La faute à des militants climatiques, qui se sont attaqués aux greens pour dénoncer l’impact écologique de ce sport.
Sur le plan médiatique, l’action a réussi: elle a fait l’ouverture du «19h30» de la RTS, lundi soir. Propulsée sur le plateau, la présidente des Vert-e-s genevois, Delphine Klopfenstein Broggini, a eu l’occasion de prendre position par rapport à ce «vandalisme», comme l’a présenté Philippe Revaz.
Celle qui est aussi conseillère nationale genevoise a préféré évoquer une «action pacifiste». Un qualificatif qui a suscité beaucoup de réactions, notamment sur les réseaux sociaux. Au point de pousser l’élue écologiste à «clarifier» les choses, par un tweet publié mardi après-midi. Comment expliquer ce qui s’apparente à une volte-face? Blick a interrogé l’intéressée pour en savoir plus.
Lundi soir, à une heure de grande écoute, vous refusez de condamner l’action des activistes. Mardi, peu avant 13h, vous tweetez que vous vous «opposez à toute forme de vandalisme». C’est ce qu’on appelle un rétropédalage, non?
J’ai utilisé le mot correct: clarification. Ce que j’ai dit sur le plateau est toujours ma position: j’ai appelé à des actions pacifistes et à se rendre aux urnes.
Mais pourquoi avoir senti ce besoin de «clarifier», si vous restez fidèle à ce que vous avez dit sur le plateau?
J’ai vraisemblablement été mal interprétée. Le débat a été instrumentalisé parce que je n’ai pas prononcé le mot «condamner». Cela me permet de préciser ma position.
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Précisons, donc: est-ce que vous condamnez ces actions sur les golfs de Suisse romande?
Ce n’est pas à moi de condamner, c’est à la justice! Les choses ont été montées en épingle autour d’un mot... Voici ma position: des actions symboliques peuvent avoir lieu, mais saccager n’est pas une option. J’ai toujours milité pour la non violence, cela ne va pas changer, malgré l’urgence climatique.
Parlons du fond: vous avez dit que le golf était une activité très coûteuse en ressources, notamment en eau. Cela veut dire que vous êtes favorable à ce que la pratique de ce sport soit restreinte?
Voilà une bien meilleure question. C'est d'ailleurs précisément pour ce sujet politique qu'on m’a annoncé m’inviter sur la RTS (rires). Nous sommes dans une situation où il faut utiliser l’eau et la terre avec parcimonie. Ce sont des éléments primordiaux dans un contexte de crise climatique. Nous ne sommes que le 18 avril et des feux de forêts sont déjà répertoriés en France. L’utilisation de nos ressources en eau devient centrale, et on utilise des quantités astronomiques pour entretenir un terrain de loisir. Il y a un déséquilibre et un débat à mener.
Le responsable de Payerne accuse, sur la RTS, les militants écologistes de méconnaître le sujet, parce qu’un golf est respectueux de la nature. N’y a-t-il pas suffisamment d’autres endroits cultivables?
Ce n’est pas qu’une question de pommes de terre, de pesticides et de besoin en eau. Même si elle reste pertinente. Dans une agglomération exiguë comme Genève, le terrain est rare et il y a beaucoup de besoins, tant en logements que pour l'agriculture. Et il y a un déséquilibre entre la rive droite — avec l’aéroport ou les citernes — et la rive gauche du lac.
Collages sur les autoroutes, déprédations sur les golfs: les activistes climatiques irritent la population. En année électorale, cela pourrait coûter cher à votre formation politique, non?
Il y a une urgence climatique, indépendamment du calendrier électoral. C’est de cela dont on doit parler. La gestion de cette crise doit être primordiale, elle est pourtant détournée toujours plus au profit d’autres sujets plus «court-termistes». La mobilisation est primordiale, tant au niveau de la société civile qu’au niveau politique. Avant d’être élue, je me suis toujours engagée, dans des associations ou dans les manifestations. J’espère, d’ailleurs, que les manifestations vont reprendre, car elles permettent d’attirer l’attention publique. Notre moyen d’action est au travers des institutions et nous savons que c’est extrêmement efficace pour changer les règles du jeu. C’est pour cela qu’il faut aller voter, à commencer par le 18 juin pour la loi sur la protection du climat.
Vous mentionnez la politique. Quatre ans après la «vague verte» de 2019, on n’a pas l’impression que la situation ait beaucoup avancé. Que dites-vous à celles et ceux qui ont voté pour votre parti il y a quatre ans et qui font un constat d’échec?
Que sans majorité, à Berne, nous ne pouvons pas faire de miracle que faire de la politique d’opposition. On a besoin de davantage de voix pour faire la différence. Mais il faut tout de même relever qu’avec 30 sièges écologistes sur 200 et un groupe au Conseil des États, nous avons déjà avancé sur plusieurs fronts: la loi sur l’énergie, la nouvelle mouture de la loi sur le climat en votation en juin prochain et surtout la loi sur l’économie circulaire, au menu de la session spéciale de mai. Ces résultats proviennent directement de notre initiative verte de 2016 (ndlr.: rejetée par 63% des voix). Cela montre que l’on construit sur la durée et qu’il est important que l’on continue à nous faire confiance.
Une dernière question: pourquoi avoir enlevé l’option de répondre à votre message de clarification? Contrairement à vos autres tweets, il est impossible de le commenter.
J'ai voulu clarifier mes déclarations pour être bien comprise, mais il n'y a plus rien à ajouter sur ce plan. Force est de constater que ce sont souvent les mêmes qui appellent au respect des règles, qui n'hésitent pas à insulter ou menacer sur les réseaux sociaux.