Décamper des vallées alpines?
«En Suisse, on ne veut pas vivre les uns sur les autres dans des clapiers»

Faut-il évacuer certaines zones à risque des vallées alpines? C'est l'une des questions laissée dans leur sillage par les torrents qui ont grondé ces dernières semaines dans les Alpes suisses. Certaines habitations seraient condamnées.
Publié: 16.07.2024 à 16:59 heures
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Dernière mise à jour: 16.07.2024 à 21:15 heures
«Il faut aussi se demander honnêtement pourquoi on vit ici (ndlr: dans une zone à risque), pourquoi on a acheté ce bien immobilier», demande le professeur de l'EPFZ David Bresch.
Photo: keystone-sda.ch
Nathan Clément

Le Val Maggia coupé en deux, des laves torrentielles ravageuses dans la localité de Saas-Grund (VS), plusieurs centaines de Val de Bagnard évacués. Ce qui est tombé ces dernières semaines dans les Alpes suisses a fait des dégâts. En résulte des stigmates — six morts — et une quête de solutions.

Des mesures de protections ont été évoquées, et, dans les zones vulnérables, de potentiels déplacements de population. Seraient concernés des logements de vallées alpines situés dans des zones considérées comme trop risquées. Un plan évacuation des montagnards? «En Suisse, on ne veut pas vivre les uns sur les autres dans des clapiers», lance à Blick ce mardi 16 juillet le conseiller national libéral-radical (PLR) valaisan Philippe Nantermod.

«Des millions pour trois maisons?»

Le coup d'envoi des débats a été donné le 6 juillet dans la «NZZ am Sonntag». L'hebdomadaire zurichois évoque de potentiels déplacements de population habitant dans les vallées. «Il faut aussi se demander honnêtement pourquoi on vit ici, lance le professeur de l'EPFZ David Braesch, pourquoi on a acheté ce bien immobilier.» L'expert évoque aussi la question des coûts: «Voulons-nous dépenser des millions de francs pour protéger trois maisons individuelles?»

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La présidente de la Conférence gouvernementale des cantons alpins Carmelia Maissen a beau tempérer en assurant qu'il n'est pas question «d'abandonner des vallées entières», il n'en fallait pas plus pour que le ministre suisse de l’environnement Albert Rösti monte au créneau dans l'édition dominicale suivante de la NZZ.

Le Bernois s'oppose à la lecture de l'universitaire en préférant des mesures de protection des zones à risque. Le conseiller fédéral de l'Union démocratique du centre (UDC) oppose les dangers naturels à ceux de la ville. Malgré les décès dus à la chaleur qui touchent principalement les zones urbaines, «on ne vous demande pas de quitter la ville maintenant».

Certaines habitations seront condamnées

Interrogé par Blick, Philippe Nantermod revient sur le sujet: «Dans l’absolu, il y aura des habitations qui seront condamnées. On a en Valais des maisons en zone où il faudra prendre des mesures pour protéger la plaine, donc forcément c’est inévitable. Mais ce n’est pas un déplacement de régions sous prétexte qu’elles ne méritent pas d’être protégées, mais parce qu’il n’est pas possible, ou raisonnable, de faire autrement.»

Le parlementaire se montre plus critique sur l'expertise financière du professeur de l'EPFZ David Braesch. «Je ne crois pas que l’on parle de millions de francs pour protéger une poignée de maisons individuelles, tempête le Morginois, c’est mal connaître la situation locale.»

Quelles solutions? Que propose Philippe Nantermod? Des mesures protectrices et écologiques combinées? «Des mesures de protection», rétorque-t-il. Le PLR développe: «Je ne vois pas ce que la question écologique vient faire ici, il faut prendre les mesures les plus efficaces et les moins coûteuses.»

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