Le cas du tiktokeur Brian Keller, alias Carlos, devra à nouveau être examiné par le tribunal lundi. On lui reproche plus de 30 infractions, toutes commises entre les murs de la prison. Les règles qui règnent en prison, Brian s'en fiche: bien qu'il soit incarcéré dans la maison d'arrêt de Zurich, où un régime de détention strict est censé s'appliquer, il s'affiche sur les réseaux sociaux depuis sa cellule. Tout ça en sachant que la justice zurichoise a indiqué vouloir mettre fin à cette exhibition... depuis fin avril déjà.
En attendant, le détenu le plus célèbre de Suisse est suivi par plus de 13'800 followers sur Tiktok et plus de 5400 sur Instagram. Brian Keller a une véritable influence depuis la prison. Il s'est constitué une communauté de fans fidèles: certains commentaires disent qu'il est une victime de la justice. Des phrases comme «Free Brian» reviennent aussi régulièrement.
Dans une vidéo datant de début août, il indique avoir emprunté le téléphone portable de quelqu'un. C'est à se demander si d'autres détenus de la plus grande prison préventive du canton de Zurich ont donc accès à un téléphone portable. La communication avec l'extérieur ne devrait-elle pas en principe être interdite en détention préventive?
Influence sur les preuves ou les témoins
Une chose est sûre: dans la détention en groupe, où se trouve Brian Keller, les prisonniers peuvent passer plusieurs heures par semaine en dehors de leur cellule et passer du temps ensemble dans des zones telles que la cour, la cantine ou la salle de fitness. Si un téléphone portable arrive jusqu'à la prison, il est tout à fait possible que les détenus se le passent entre eux.
Benjamin Brägger, expert en exécution des peines, sait que l'usage d'un téléphone en prison peut est dangereux. Pour les prisons préventives, c'est surtout le risque de collusion, par exemple la disparition de preuves, qui est important. La procédure de certains détenus est encore en cours lors leur incarcération: «Des prévenus pourraient, depuis la prison, agir sur des personnes ainsi que sur des moyens de preuve et ainsi entraver le travail de la justice», explique Benjamin Brägger.
Les délinquants peuvent continuer à agir
Les détenus pourraient également commettre d'autres délits, poursuit l'expert. «Ils pourraient par exemple continuer à menacer ou à harceler les victimes en cas de délits violents ou sexuels.» Des informations sur les mesures de sécurité de la prison pourraient aussi être diffusées à l'extérieur par le biais d'enregistrements, facilitant ainsi la fuite des prisonniers.
On sait par le passé que des délits ont été planifiés à l'aide d'un téléphone portable depuis une prison. En 2015, un homme a comparu devant le tribunal de district de Weinfelden, dans le canton de Thurgovie, pour avoir téléphoné plus de 160 fois depuis la prison cantonale de Frauenfeld. Au cours de l'une de ses conversations téléphoniques, il a essayé de planifier le meurtre du père de son ex.
Brouilleur d'onde, capteurs...
Le Département de l'exécution des peines et de la réinsertion du canton de Zurich (JuWe) écrit: «Nous mettons tout en œuvre pour que le moins d'objets non autorisés possibles ne pénètre dans les prisons. Si cela devait être le cas, ils doivent être rapidement trouvés et saisis.» Malgré toutes les mesures de sécurité, il arrive régulièrement que des objets soient introduits en fraude dans la prison ou en sortent, typiquement des téléphones portables.
Mais il n'est pas possible d'empêcher que «des détenus prennent plusieurs photos avec un téléphone portable de contrebande et les fassent poster plus tard par des tiers». Dans le cas de Brian Keller, il semblerait que le collectif d'artistes Big Dreams s'occupe de son compte Instagram, selon ses propres dires. La question de savoir si Brian Keller a été sanctionné reste sans réponse, en raison de la protection de la personnalité.
Pour empêcher l'utilisation des téléphones portables à l'intérieur de la prison, les prisons suisses ont recours à des technologies, comme les brouilleurs d'ondes. A la prison de Lenzbourg (AG), des capteurs de cellule donnent l'alerte dès qu'un téléphone portable est allumé. Un système de localisation des téléphones portables a également été installé à la prison de Thorberg (BE). Pour des raisons de sécurité, le JuWe ne donne pas de détails sur les mesures de sécurité des différents établissements.