Un risotto aux bolets a visiblement du mal à passer dans un œsophage. Au point que la quittance dudit repas s’est retrouvée sur Facebook.
Avant d’être largement relayée ces derniers jours. Par exemple ce jeudi soir par Nicolas Morel, membre du comité directeur du Parti socialiste vaudois et auteur en 2018 d’une pétition qui demandait à la Suisse de prêter son pavillon à l’Aquarius, navire humanitaire.
Revenons à cette douloureuse, datée du 22 janvier. En dessous du plat facturé 27 francs par le restaurant lausannois mais italien La Bruschetta, une ligne fait tousser les internautes: «1 couvert sans boisson» à 3 francs.
Depuis environ trois ans
Au bout du fil, Mario Palasciano est droit dans ses bottes (et fort sympathique). «Ah! Vous appelez pour cette histoire qui tourne sur les réseaux sociaux? J’ai la conscience très tranquille, je n’ai jamais volé personne», promet le propriétaire des lieux depuis 1996, joint par Blick vendredi matin.
Le sexagénaire «à la retraite» développe. «Sur nos tables, il y a des nappes et des serviettes en tissu, on offre des bruschettas et du pain, on est généreux dans les portions. Donc si à une table personne ne prend de boisson, même pas un café, je 'tippe' 3 francs. Pour deux, ça revient à 1,50 franc par tête.»
C’est le cas depuis «environ trois ans», soit avant la hausse des prix de l’énergie et la crise de l’inflation. Est-ce en accord avec la loi? «Oui, répond le Transalpin, c’est tout à fait légal si c’est clairement inscrit sur la carte, ce qui est le cas chez moi.»
Légal si inscrit sur la carte
Dit-il vrai? Également contacté vendredi, Patrik Hasler-Olbrych élude la question. Vu l’inflation, «GastroSuisse recommande […] de tenir compte en permanence des coûts croissants dans les prix afin de continuer à garantir une exploitation rentable, écrit le directeur adjoint de la faîtière GastroSuisse. Le principe de l’indication du prix total s’applique ici.» Le chef de la communication souligne aussi la nécessité pour les établissements de faire preuve de transparence.
Ce 26 janvier, GastroVaud n’a pas non plus été en mesure de répondre à la question, qui lui a aussi été soumise par mail. Mais l’association patronale, par la voix de son ancien président Frédéric Haenni, y avait répondu avec quelques années d’avance le 6 novembre 2014, au micro de l’émission «On en parle», de la RTS. En résumé, Mario Palasciano a raison: si c’est clairement noté sur le menu, c’est légal.
Pratique italienne
Reste que la pratique, parfaitement répandue de Milan à Monopoli, est peu courante en Suisse, où le service et le couvert sont d’ordinaire inclus dans le prix. En Helvétie, lorsqu’un montant est ajouté à l’addition, la clientèle a tendance à sauter au plafond.
«Vous savez, si je sers un menu du jour et que je ne peux pas facturer de boisson, je suis perdant, confie Mario Palasciano. Je comprends que les gens deviennent pauvres, mais j’ai des garçons qui doivent aussi gagner leur vie!» Un argument suffisant pour calmer la rage des internautes?