Dans de nombreux pays, le nombre d’infections au coronavirus est à nouveau en hausse, y compris en Suisse. Il est désormais clair que dans de rares cas, même la double vaccination n’est d’aucune utilité. Comme le raconte «20 Minutes» aujourd’hui, au moins 18 personnes sont mortes du Covid-19 alors qu’elles avaient reçu leurs deux doses.
Cela n’est d’ailleurs que la pointe émergée de l’iceberg, puisque 78 personnes complètement vaccinées ont été hospitalisées à cause du Covid-19. Selon le porte-parole de l’OFSP, ces cas seraient d’ailleurs sous-estimés, bien que le nombre de personnes infectées reste «peu élevé». Ces informations corroborent ce qui se passe en Israël, pays leader en matière de vaccination.
En cause: la progression du variant Delta, qui représente désormais près de 94% des nouvelles infections en Suisse. Afin d’obtenir une meilleure protection contre cette mutation du virus, une troisième dose de vaccin dite de rappel pourrait être nécessaire. Elle permettrait de multiplier par dix le nombre d’anticorps chez les patients.
«Ce variant est à prendre au sérieux, car il se propage beaucoup plus facilement, mène à des formes plus sévères de la maladie et peut réduire l’efficacité de la vaccination», avait déjà déclaré début juillet à Blick le médecin cantonal bâlois Thomas Steffen.
La vaccination de rappel: la solution contre le variant Delta?
Une dose de rappel est-elle la solution pour renforcer l’effet protecteur du vaccin? Au milieu du mois, les fabricants de vaccins BioNtech et Pfizer ont annoncé leur intention de demander l’autorisation d’administrer une troisième dose de leur vaccin contre le Covid-19 aux États-Unis et dans l’Union européenne. En Suisse, en revanche, rien n’est prévu pour l’instant. Selon Lukas Jaggi, porte-parole de Swissmedic pour les médias, une troisième vaccination n’est «pas encore recommandée».
Actuellement, seuls les patients en immuno-déficience peuvent être vaccinés une troisième fois, après avoir consulté leur médecin.
La Confédération a annoncé en mai qu’elle avait déjà commandé les vaccins de rappel nécessaires. Sept millions de doses doivent être livrées par Moderna au cours du premier trimestre de l’année 2022. En outre, la Confédération a obtenu les financements pour sept millions de doses supplémentaires plus tard en 2022.
La vaccination actuelle est-elle efficace?
Les chiffres d’Israël suggèrent que l’ingrédient actif de Pfizer/BioNtech ne protège que 60 à 80% contre le variant Delta. Contre le virus original, la protection est de 90%.
Selon certaines études, l’efficacité des vaccins contre le variant Delta est légèrement inférieure à celle contre les autres variants, mais ils restent utiles pour lutter contre les formes graves de la maladie, à condition d’avoir reçu les deux doses.
Des données récentes du gouvernement britannique montrent que deux doses de vaccin offrent une protection de 96% contre l’hospitalisation et de 79% contre l’infection due au variant Delta. Cependant, après une seule dose, la protection n’est que de 35%.
Que dit le fabricant du vaccin, Pfizer/BioNtech?
Selon Pfizer/BioNtech, deux doses de vaccin assurent une bonne protection contre les formes graves du Covid-19 pendant six mois. Toutefois, avec le temps et l’apparition de nouveaux variants, cette efficacité devrait diminuer. C’est la raison pour laquelle une troisième dose pourrait être nécessaire six à douze mois après la première injection.
Les premières données d’une étude semblent également montrer qu’une troisième dose de vaccin permettrait de multiplier jusqu’à dix fois la quantité d’anticorps contre les premières souches de virus. Un effet similaire pourrait être espéré face au variant Delta.
La Confédération est-elle prête à mettre en place une troisième injection?
Si une vaccination de rappel s’avérait utile et nécessaire, la Suisse serait prête à la mettre en place. Ayant anticipé il y a plusieurs mois que deux doses de vaccin pourraient être moins efficaces contre le virus, la Confédération avait déjà commandé des doses supplémentaires de vaccins aux fabricants. Il y en aurait suffisamment pour vacciner 17 millions de personnes.
Les sept millions de doses commandées par la Confédération à l’entreprise pharmaceutique Moderna devraient être livrées au premier trimestre 2022. Plus de deux millions d’entre elles doivent être livrées en janvier, février et mars.
Moderna est actuellement à la recherche d’un vaccin de rappel qui protégerait également contre l’infection par des mutations du virus. Avant de pouvoir être utilisé, ce produit devra dans tous les cas être approuvé par Swissmedic, l’Institut suisse des produits thérapeutiques.
L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) ne s’est pas encore exprimé sur le montant exprimé sur ces contrats de commande. «Les prix du vaccin Covid-19 sont des accords contractuels confidentiels avec les fabricants de vaccins», a expliqué en juin Masha Maria Foursova, porte-parole de l’OFSP. Divulguer des détails du contrat pourrait porter préjudice à la Suisse dans ses négociations.
Pourra-t-on bénéficier du vaccin de rappel au centre de vaccination ou chez le médecin de famille?
Entre-temps, le transport et le stockage du vaccin Pfizer/BioNtech sont devenus plus faciles. Le vaccin peut même être conservé au réfrigérateur désormais. Est-ce que le médecin généraliste sera le seul à pouvoir administrer les doses de rappel?
Pour Thomas Müller, responsable de la communication de l’association professionnelle Santésuisse, laisser la vaccination aux seules mains des médecins de famille n’est pas forcément un bon calcul. Les chiffres semblent montrer que les cantons qui se reposent uniquement sur les médecins généralistes pour administrer les vaccins sont nettement plus lents et inefficaces que les cantons qui vaccinent massivement dans les centres.
C’est le cas du canton de Berne, par exemple, qui a concentré ses efforts sur les centres de vaccination, tandis que le canton de Zurich s’appuie largement sur les médecins de famille. Mis à part la rapidité qu’offrent les centres, le choix de se reposer sur les médecins généralistes est également motivé par les coûts financiers de l’opération. En effet, les assureurs ne paient qu’un forfait de 14,50 francs pour toute vaccination effectuée dans les centres: au-delà de ce montant, c’est le canton qui doit payer le reste.
Qu’en pensent les autorités sanitaires?
Selon Lukas Jaggi, porte-parole de Swissmedic, une troisième dose n’est en général «pas encore recommandée». La plupart des autres pays ne prévoient pas non plus pour l’instant de recommander une troisième dose pour tous ceux qui ont été entièrement vaccinés. L’Agence européenne des médicaments (EMA) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) soulignent qu’il est trop tôt pour dire si une troisième dose est effectivement nécessaire et, si oui, à quel moment il faudrait l’administrer. Les campagnes de vaccination dans les différents pays et les études récentes n’ont pas encore fourni suffisamment de données à ce sujet.
Didier Houssin, président du Comité d’urgence Covid-19 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est du même avis. Il a averti que les vaccins de rappel pourraient «exacerber les inégalités en matière d’accès aux vaccins» en privant de potentielles doses les pays qui peinent déjà à vacciner complètement ses citoyens une première fois.
Quelle est l’utilité d’une troisième vaccination pour les groupes particulièrement vulnérables?
Après la France, Israël a également commencé la semaine dernière à administrer une troisième dose de vaccin aux personnes dont le système immunitaire est affaibli, par exemple en raison d’une transplantation d’organe, d’un cancer ou d’une insuffisance rénale. Les deux pays ont souligné qu’il était de plus en plus évident que les patients dont le système immunitaire est affaibli ne développent pas suffisamment d’anticorps après deux doses de vaccin.
Le président français Emmanuel Macron est allé plus loin la semaine dernière, annonçant des vaccinations de rappel à partir de septembre pour les groupes à risque vaccinés en début d’année. Ses conseillers scientifiques se sont référés à de premières études selon lesquelles les personnes âgées produisent moins d’anticorps que les personnes jeunes et leur taux décline aussi plus rapidement. (jmh/AFP)