C’est une petite bombe qui a été lâchée par le journal neuchâtelois «Arcinfo» et le site d'information français «Mediapart» ce mardi matin. L'histoire est celle d’un professeur ordinaire en histoire moderne de l’Université de Neuchâtel (UniNE), soupçonné d’avoir en partie financé «son» Centre européen des études républicaines (Cedre), proche du Parti socialiste français.
Mais pas seulement. L'enquête de presse parle aussi de fausses factures ou de documents antidatés, et évoque une «pratique systémique» pour des sommes allant de 500 à 2000 francs. Le professeur visé conteste toutes les accusations.
Ce dernier aurait aussi fait réengager son ami Vincent Peillon, ancien ministre de l’Éducation nationale sous François Hollande, qui toucherait un salaire de plus de 15’000 francs par année – et ne serait pas présent sur les listes des collaborateurs de l’établissement. L’UniNE explique son absence par le télétravail durant la pandémie.
Un centre de recherche inauguré par François Hollande
Une enquête interne sera ouverte. «Lorsque des accusations de ce type sont publiées, il est usuel que le rectorat ouvre une procédure pour enquêter et faire la lumière sur ces accusations», a annoncé Fabien Greub, secrétaire général de l’Université de Neuchâtel, au micro de la RTS mardi à la mi-journée.
Le Cedre, dont le professeur lyonnais était à la tête, voyait graviter autour de lui les ministres de l’Education nationale de François Hollande: outre Vincent Peillon, Najat Vallaud-Belkacem, sa successeure, en était aussi proche. Selon les deux médias, elle aurait même tenté de se relancer sa carrière début 2020 grâce à une conférence organisée au Cedre.
Le président socialiste avait lui-même inauguré le Cedre en novembre 2016, avant que la structure ne tombe dans l'oubli et connaisse des difficultés financière avec l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, six mois plus tard. Selon «Arcinfo» et «Mediapart», ce centre de recherches aurait été — en partie en tout cas — maintenu en vie grâce à des fonds en provenance de l'UniNE.
Le Cedre a été fermé le 23 avril dernier, alors que l’enquête de nos confrères battait son plein. Selon eux, à Paris, les locaux étaient déserts «depuis longtemps».
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Financement d’une conférence et d’un livre
Ce n'est pas tout. L’UniNE aurait également accepté de verser pas loin de 10’000 francs pour la conférence qui aurait servi au «retour en politique» de Najat Vallaud-Belkacem, et qui n'avait attiré que des invités du sérail politique. L’UniNE défend sa décision de financement de l’évènement, permettant à ses yeux un «transfert de savoir».
Sur demande de l'historien, la haute école aurait aussi soutenu — à hauteur de 3500 francs — la publication et la promotion d’un ouvrage du professeur, coridigé par la même Najat Vallaud-Belkacem. «Ceci alors que les professeurs bénéficient déjà de l’aide de la commission de publication» de l’Université de Neuchâtel, peste un membre anonyme du corps professoral, cité dans cette enquête.
«Professeurs TGV»
Selon «Arcinfo» et «Mediapart», d'autres professeurs de l'UniNE ne seraient pas très pointilleux niveau comptabilité. Ils profiteraient de factures trop facilement validées, ou ajouteraient sur leurs notes de frais des «invités fantômes» lors de dîners. «Cette pratique semble être répandue à l’université», affirment des membres de l’administration, cités dans les mêmes colonnes. Ce serait notamment le cas de «professeurs TGV», ces chargés de cours qui pendulent entre la France et la Suisse.
(Avec Keystone-ATS)