Après l’essence, le pétrole et le gaz, un nouveau choc des prix menace: celui de l’électricité! Les consommateurs devraient bientôt passer à la caisse de manière plus conséquente. Au plus tard l’année prochaine, selon une enquête de la Commission fédérale de l’électricité (ElCom) menée auprès des entreprises énergétiques du pays.
Pourquoi seulement dès l’année prochaine? Parce que c’est au début 2023 que se répercutera la hausse des prix dans le commerce de gros. Le prix de l’électricité devrait passer en moyenne de 21 centimes par kWh à 25, selon l’ElCom.
180 francs pour un 5 pièces
L’ampleur de cette hausse divergera selon le lieu et le fournisseur, relève son président Werner Luginbühl. Pour un ménage de cinq pièces avec une consommation d’électricité moyenne (45’000 kWh), cela représentera 180 francs d’augmentation par an, estime la Commission fédérale.
La douleureuse sera bien plus importante pour les entreprises: pour une consommation annuelle dans la moyenne (150’000 kWh), les coûts supplémentaires peuvent atteindre 6000 francs. Faut-il prendre des mesures pour juguler la hausse des prix? «C’est une question pour les politiciens», a botté en touche l’ancien conseiller aux États bernois (jusqu’en 2019).
Mais le président de l’ElCom a tout de même donné sa vision des choses auprès de Blick: «À notre avis, une intervention étatique est prématurée. La hausse des prix n’est qu’une estimation provisoire — les choses sérieuses commenceront début septembre, lorsque nous annoncerons les prix définitifs.»
D’ici à l’automne, des changements peuvent encore intervenir. Cela dépend par exemple des prix du marché ou de la production propre des différents fournisseurs. Mais il n’y a pas que la hausse des prix qui inquiète l’ElCom: la pénurie d’électricité guette aussi. Dès l’hiver prochain? «Cela pourrait nous toucher plus vite que prévu», confirme Werner Luginbühl, qui insiste toutefois sur les «facteurs d’incertitude» qui prévalent.
Une heure de coupure par jour?
Peut-on, le cas échéant, importer davantage d’électricité? Il n’y a pas grand espoir à fonder sur la France: de nombreuses centrales nucléaires de notre voisin sont à l’arrêt. Quant à l’Allemagne ou l’Italie, cela dépend de plusieurs variables, dont l’approvisionnement en gaz.
Au moins, la situation semble bonne pour les centrales nucléaires suisses. Le Conseil fédéral prévoit en outre de mettre en place une réserve de force hydraulique, ce qui réduit drastiquement le risque de panne. «Il pourrait arriver que nous n’ayons pas assez de courant à certaines heures de pointe», note Werner Luginbühl.
Il est imaginable que, dans certains scénarios, des appels à des restrictions soient émis. «Il est tout à fait possible que le courant soit stoppé durant une heure par jour, par exemple», explique le Bernois. Il espère toutefois pouvoir «surmonter ces situations critiques» grâce aux réserves hydroélectriques.