L' embargo pétrolier décrété par l'UE à l'encontre la Russie fait grimper le prix du pétrole. Mais le prix de l'essence à la pompe augmente deux fois plus vite que la matière première elle-même. «Il n'est pas si fréquent que le prix de l'essence se dissocie du prix du pétrole brut», relève en effet Erich Schwizer, expert en mobilité au TCS.
«Une voiture ne roule pas avec du pétrole brut. Pour cela, il faut d'abord raffiner l'essence. Or, le marché du raffinage a ses propres règles», poursuit Erich Schwizer. Notamment en cause, le fait que «les marges des raffineries ont fortement augmenté ces derniers mois».
La demande dépasse l'offre
Concrètement, cela signifie qu'au lieu des dix à douze dollars d'autrefois, les raffineries gagnent actuellement 40 à 50 dollars sur le raffinage d'un baril de pétrole brut en essence ou en diesel.
Un prix exorbitant, qui renchérit le litre de carburant de 25 à 30 centimes. Mais «cela s'explique aussi par le fait que des raffineries ont été temporairement mises à l'arrêt ou complètement fermées à cause de la pandémie ou, avant cela encore, à cause de marges trop faibles», explique l'expert du TCS. Ces ralentissements ont des conséquences sur le marché: désormais, la demande dépasse clairement l'offre. Une évolution qui, au passage, profite aux marges des raffineries.
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Varo Energy, qui exploite la seule raffinerie suisse à Cressier (NE), se défend toutefois contre le reproche d'arnaque qui lui est régulièrement adressé, notamment en Allemagne: «En raison de la guerre en Ukraine, l'achat de pétrole brut ou de produits pétroliers est devenu beaucoup plus cher pour des entreprises comme Varo, et nous investissons également beaucoup de ressources pour trouver des fournisseurs alternatifs, qui remplacent les produits russes.» De plus, les coûts de production ont considérablement augmenté en raison de la hausse des coûts de l'électricité et du gaz, ajoute-t-il.
Il est possible de faire moins cher
Markus Gasser exploite, à Dagmersellen (LU), un centre de recyclage avec une station-service diesel attenante. Il déclare: «Je ne comprends pas pourquoi les gens se font autant arnaquer sur les prix de l'essence.»
Chez Gasser, la station-service est une source de revenus secondaire. Elle est exploitée avec peu de dépenses, par conséquent. C'est pourquoi le litre de diesel coûte actuellement chez lui 2,16 francs, et non 2,30 francs comme c'est la moyenne actuellement en Suisse. Il a peut-être une explication: «La marge chez les grands exploitants de stations-service est d'au moins 25 centimes par litre. Cela permet de gagner beaucoup d'argent».
«Les automobilistes ne sont pas encore assez sensibles aux prix. S'il en était autrement, la file d'attente devant ma station-service serait encore plus longue.» En effet, la grande majorité des Suisses continuent à faire le plein là où c'est le plus pratique. Et non pas là où c'est le moins cher.
(Adaptation par Daniella Gorbunova)