La guerre en Ukraine fait le bonheur des raffineries. Avec la hausse du prix du carburant, ces dernières font de gros bénéfices. L’embargo européen sur le pétrole russe prononcé mardi devrait d’ailleurs faire perdurer cette tendance. Le même jour, un baril de pétrole brut Brent se négociait à plus de 123 dollars.
Si ces hausses pèsent sur les automobilistes, la dernière raffinerie de Suisse s’en frotte les mains. Cette dernière, située dans le canton de Neuchâtel, à Cressier, est exploitée par Varo Energy, dont le siège se trouve à Zoug. Le groupe reste discret, comme c’est souvent le cas dans le secteur des matières premières. Il n’a pas souhaité répondre aux questions de Blick.
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Un quart de la demande intérieure
Chaque année, la raffinerie neuchâteloise transforme près de trois milliards de tonnes de pétrole brut en produits finis tels que l’essence, le diesel ou le mazout, couvrant ainsi 25% de la demande intérieure du pays.
Malgré l’embargo prononcé contre le pétrole russe, le groupe suisse ne risque pas la pénurie. En 2020, le site de Cressier traitait à peine 0,3% de pétrole brut en provenance de Russie. Une part qui devrait d’ailleurs bientôt être supprimée. Il y a deux ans, la plus grande partie du pétrole brut, soit près de 90% des volumes traités, provenait de Libye, du Nigeria et des États-Unis.
L’approvisionnement en pétrole brut se fait par un oléoduc près du terminal maritime français de Marseille. Ce dernier traverse la vallée du Rhône française pour rejoindre la Suisse. L’embargo sur le pétrole va probablement entraîner la disparition des produits finis des raffineries russes et stimulera encore la demande auprès des producteurs européens. Les experts s’attendent donc à de nouvelles hausses de prix et à des revenus plus élevés pour les raffineries dans les semaines et mois à venir.
Une reprise malgré les obstacles
La dernière raffinerie suisse a été mise en service en 1964. Fin 2011, elle avait fait face à de grandes difficultés financières sous la houlette de l’ancien groupe propriétaire Petroplus. Ce dernier avait fait faillite l’année suivante. La raffinerie avait alors été rachetée par Varo Energy, qui emploie aujourd’hui près de 270 personnes sur le site neuchâtelois.
Les raffineries craignent depuis des années la transition énergétique qui vise à promouvoir l’usage de l’électrique et des énergies renouvelables. Malgré cela, les sites de transformation de pétrole brut ont profité d’une forte reprise économique à l’automne 2021, lorsque la pandémie de Covid-19 commençait à s’essouffler. La guerre en Ukraine aura fini par relancer complètement leur activité.
(Adaptation par Louise Maksimovic)