Le président français, fort de ses larges prérogatives exécutives, a décrété l’obligation vaccinale pour le personnel soignant. Dès septembre, toute personne du secteur qui refuse ne sera plus autorisée à travailler et ne recevra plus de salaire. La menace de Macron est prise au sérieux et le quotidien «Le Parisien» fait état des premiers soignants qui «se sentent obligés de démissionner».
En Suisse, la vaccination obligatoire dans le secteur de la santé est un sujet de discussion récurrent, et sensible. D’un point de vue juridique, sa mise en place serait possible. «Cette obligation s’appliquerait surtout dans les cas où les soignants interagissent physiquement avec des personnes à risque, par exemple dans les soins aux personnes âgées, au contact de malades du cancer ou de diabétiques», déclarait au début de l’année Isabelle Wildhaber, directrice de la chaire de droit privé et commercial de l’Université de Saint-Gall.
Mauro Poggia résigné face à la liberté de vacciner
Mais les professionnels de la santé résistent. Selon la dernière enquête réalisée par Sotomo au début du mois de juillet, seuls 55% des personnes travaillant dans le secteur de la santé et des services sociaux ont été vaccinées au moins une fois. Trente pour cent ne veulent pas se faire vacciner, alors que 13% attendent de voir. Les six pour cent restants ne sont pas encore vaccinés, mais aimeraient l’être au plus vite. Le secteur de la santé reste ainsi dans la moyenne des autres secteurs d’occupation.
Face à ces statistiques, Mauro Poggia, ministre genevois de la Santé, ne voit pas les mesures annoncées par Emmanuel Macron d’un mauvais œil. «Sur le fond, elles se justifient, amorce-t-il. Mais, en Suisse, nous avons décidé de ne pas rendre la vaccination obligatoire et nous devons tenir ce cap. Nous devons convaincre la population et le personnel soignant. Les hôpitaux ou les EMS pourraient en revanche décider de ne pas envoyer leurs employés non vaccinés au front pour ne pas prendre de risques.»
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Pour mémoire, le 5 juillet, l’un de ses tweets avait provoqué un tollé. L’élu du Mouvement citoyen genevois (MCG) avait considéré qu’un soignant refusant la vaccination était «une erreur de casting».
«Cela a créé le débat, mais je voudrais provoquer un électrochoc. Il est de la responsabilité des soignants de ne pas aggraver la situation de la personne qu’ils soignent!» Mathias Reynard (PS), son homologue valaisan, fait aussi appel à leur responsabilité individuelle: «J’espère que nous pourrons éviter toute obligation de vaccination».
Le socialiste Laurent Kurth (PS) partage l’incompréhension de Mauro Poggia. «Mais je ne suis pas favorable à la vaccination obligatoire. Si le virus était encore plus mordant, comme c’est le cas d’Ebola par exemple, nous aurions peut-être une approche différente, confie le directeur neuchâtelois de la Santé. De plus, sanctionner celles et ceux qui contreviendraient à la règle, notamment parmi les indépendants qui travaillent au domicile de leurs patients, demanderait la mise en place d’un arsenal quasi pénal. Nous devons éviter les mesures autoritaires et sensibiliser.»
Pour la Conférence des directeurs de la santé publique, les cantons doivent continuer à encourager la vaccination en proposant des offres telles que des permanences. Mais une vaccination obligatoire pour le personnel de santé n’est pas envisagée.
Les professionnels opposés à la vaccination obligatoire
De leur côté, les associations professionnelles montent au créneau face à la vaccination obligatoire. «L’expérience a montré que le personnel en contact direct avec les patients covidés se fait vacciner, déclare Anne Bütikofer, directrice de l’association hospitalière H +, c’est pourquoi nous continuons à miser sur le volontariat.»
D’autre part, le secteur des soins de santé n’est pas le bon endroit pour prendre des mesures, selon le Syndicat des services publics (SSP). «Ce n’est pas une solution de faire peser la charge et la responsabilité sur les épaules de ceux qui ont évité au système de santé de s’effondrer».
Autre mesure présentée lundi soir par le président français, l'extension du certificat Covid – preuve de vaccination ou de test négatif – aux lieux clos comme les restaurants ou les centres commerciaux. Le conseiller d'Etat Mauro Poggia s’y oppose, pour le moment. «Pour l’instant, nous n’avons pas d’éléments qui nous montrent que le danger est imminent, souligne le ministre genevois de la Santé. En revanche, c’est une erreur de rendre l’accès aux tests antigéniques si facile et gratuit. Ce n’est pas à la collectivité de payer pour le test d’un jeune qui ne veut pas se faire vacciner mais aller en discothèque!»
Pour son homologue valaisan Mathias Reynard, la meilleure solution reste de convaincre la population de se faire vacciner. «Mais si nous nous dirigeons vers une nouvelle vague de contaminations, le choix sera vite fait, tranche-t-il. On ne va pas tout refermer et en faire payer les conséquences à tout le monde parce qu’une partie de la population refuse le vaccin. Généraliser le certificat Covid serait alors la solution du moindre mal. En France, c’est visiblement le bâton plutôt que la carotte qui pousse les gens à se faire vacciner.»
Neuchâtel pourrait, lui, envisager l’extension du certificat Covid selon l’évolution de la situation sanitaire et si la couverture vaccinale ne devait pas être suffisante en septembre. «A priori, cela ne devrait pas poser de problèmes pour toute une série de domaines, comme pour les activités de loisirs et les manifestations d’une certaine envergure, évalue Laurent Kurth, directeur cantonal de la Santé. Pour les supermarchés, c’est limite parce que faire les courses pour se nourrir est un besoin essentiel. Concernant l’accès aux restaurants, une évaluation devrait être faite.»
Autre mesure présentée lundi soir par le président français, l'extension du certificat Covid – preuve de vaccination ou de test négatif – aux lieux clos comme les restaurants ou les centres commerciaux. Le conseiller d'Etat Mauro Poggia s’y oppose, pour le moment. «Pour l’instant, nous n’avons pas d’éléments qui nous montrent que le danger est imminent, souligne le ministre genevois de la Santé. En revanche, c’est une erreur de rendre l’accès aux tests antigéniques si facile et gratuit. Ce n’est pas à la collectivité de payer pour le test d’un jeune qui ne veut pas se faire vacciner mais aller en discothèque!»
Pour son homologue valaisan Mathias Reynard, la meilleure solution reste de convaincre la population de se faire vacciner. «Mais si nous nous dirigeons vers une nouvelle vague de contaminations, le choix sera vite fait, tranche-t-il. On ne va pas tout refermer et en faire payer les conséquences à tout le monde parce qu’une partie de la population refuse le vaccin. Généraliser le certificat Covid serait alors la solution du moindre mal. En France, c’est visiblement le bâton plutôt que la carotte qui pousse les gens à se faire vacciner.»
Neuchâtel pourrait, lui, envisager l’extension du certificat Covid selon l’évolution de la situation sanitaire et si la couverture vaccinale ne devait pas être suffisante en septembre. «A priori, cela ne devrait pas poser de problèmes pour toute une série de domaines, comme pour les activités de loisirs et les manifestations d’une certaine envergure, évalue Laurent Kurth, directeur cantonal de la Santé. Pour les supermarchés, c’est limite parce que faire les courses pour se nourrir est un besoin essentiel. Concernant l’accès aux restaurants, une évaluation devrait être faite.»