Adresse tenue secrète
Un groupe qualifié de néo-nazi a organisé un concert dans la campagne genevoise

Des militants antifascistes dénoncent le concert de Vindicte populaire, samedi 25 mai à Avully, dans la campagne genevoise. Selon eux, il était organisé par «Blood & Honour», réseau qualifié de néo-nazi. Aucun affrontement n'a eu lieu. La mairie n'a pas été informée.
Publié: 26.05.2024 à 18:58 heures
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Dernière mise à jour: 26.05.2024 à 23:06 heures
Le concert de Vindicte populaire s'est déroulé dans un champ privé de la commune rurale genevoise d'Avully.
Photo: Avully.ch/DR
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Lucie FehlbaumJournaliste Blick

À la route du Moulin-Roget, au cœur du village genevois d'Avully, se trouvent un petit cimetière, un domaine qui fait des alcools de fruits, et de paisibles champs. Samedi 25 mai au soir, on pouvait aussi y découvrir un concert organisé par des néo-nazis, selon des militants antifascistes.

L'«Assemblée antifa Genève» rapporte, dans un communiqué, que l'événement découle de «Blood & Honour». Ce réseau de promotion de musique néo-nazi est d'origine britannique, mais implanté en Suisse, en France et en Allemagne. «La vigilance et l’autodéfense antifasciste sont de mise dès ce soir car les fascistes vont venir de toute la région», somme le site d'information de la gauche radicale, Renversé.co.

Adresse tenue secrète

À Avully, samedi, c'est le groupe Vindicte populaire qui s'est produit. L'adresse était tenue secrète. Pour assister au concert, il fallait envoyer un email à l'adresse notée sur l'affiche.

L'affiche du concert organisé par un réseau néo-nazi, selon des militants antifascistes.

Le groupe s'appelait auparavant Choc frontal. Il a notamment joué lors du festival néo-nazi «Call of Terror», qui s'est déroulé en février dernier en Isère (F). Une enquête a été ouverte en France, l'événement national-socialiste ayant été interdit dans plusieurs départements, révèle Médiapart.

Dans un champ privé

Les militants antifascistes genevois détaillent les méthodes appliquées par «Blood & Honour» pour réussir à organiser leurs rencontres. Selon eux, ils «louent une salle municipale d'un petit bled sous un faux prétexte, le plus souvent une fête d'anniversaire».

À Avully, l'événement ne s'est pas déroulé sur un terrain communal, mais dans un champ privé. L'«Assemblée antifa» exhorte le propriétaire du terrain à s'expliquer. Mais selon une source, il ne serait pas impossible que la technique du faux prétexte ait aussi été appliquée pour le concert de samedi soir.

La mairie pas informée ni contactée

La police genevoise confirme que le concert a bien eu lieu, mais elle n'a pas eu à intervenir. Aucun affrontement ne s'est déroulé en marge de l'événement, et les voisins ne se sont pas plaints du bruit.

Le maire d'Avully, Vincent Mottet, tient à relever que la commune n'a pas été impliquée. «Aucune demande de location d’un espace propriété de la commune n’a été soumise à la mairie», ajoute l'élu «J’ignore combien de personnes se sont rendues à ce concert et nous n’avons pas connaissance de nuisances.» Vincent Mottet relève par ailleurs que les forces de l'ordre n'auraient pas forcément informé l'Exécutif communal en cas de plainte des voisins.

«Inciter à voter contre les symboles de haine»

Thomas Bläsi, conseiller national de l'Union démocratique du centre (UDC), se demande comment ce groupe a pu organiser une telle réunion en plein cœur d'un village. L'élu est à l'origine du texte «Interdiction des symboles de haine dans les espaces publics», qui sera soumis au vote des Genevois le 9 juin (et que son parti ne soutient pas!). «Ce genre d'évènement doit clairement inciter à voter oui à la loi. C'est choquant que cela puisse encore exister», réagit-il auprès de Blick.

Le grand-père du conseiller national est un rescapé du camp de concentration de Mauthausen. Dans son texte, l'élu demande à ce que tous les symboles de haine, «notamment nazi», soient interdits dans les espaces publics.

«Gang de skinheads racistes»

Le Southern Poverty Law Center, basé aux États-Unis, qui surveille les groupes extrémistes, définit le réseau «Blood & Honour» comme «une obscure coalition internationale de gangs skinheads racistes», écrit l'Agence France presse. De nombreuses divisions internationales existent.

L'homme sur la gauche est lié à la branche hongroise de «Blood & Honour». L'Agence France presse a réalisé un fact checking concernant leurs identités. En 2022, cette photo tournait sur les réseaux, les présentant comme deux «réfugiés ukrainiens en vacances en Croatie». Une rhétorique du Kremlin assurant que l'Ukraine et son gouvernement sont acquis à l'idéologie nazie. Ces deux hommes sont en réalité hongrois.

En 2016, en France, 393 de ses membres avaient été interpellés en marge d'un concert de «rock anticommuniste», révélait «Le Monde». Des événements musicaux sont régulièrement organisés par le réseau. Ce dernier tire son nom du slogan des jeunesses hitlériennes, «Blut und Ehre».

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