Une fois n'est pas coutume, le Conseil fédéral et l'UDC se sont disputés sur les négociations des nouveaux accords bilatéraux avec l'Union européenne. Vendredi, le duel s'est déroulé entre Ignazio Cassis, le ministre des Affaires étrangères, et Magdalena Martullo-Blocher, vice-présidente de l'UDC.
La milliardaire suisse a choisi de se faire entendre lors de la conférence d'hiver de l'Union suisse des arts et métiers (USAM) à Klosters. Le vendredi était consacré à la politique européenne.
Elle n'était pourtant pas attendue comme oratrice lors de l'évènement. Une situation qui ne semble pas l'avoir gênée vu qu'elle a tenu à exposer ses positions lors d'une table ronde. Magdalena Martullo-Blocher a ainsi expliqué devant une centaine de participants qu'il n'était pas nécessaire de poursuivre les négociations avec l'UE.
Que reproche la vice-présidente de l'UDC au projet?
La vice-présidente de l'UDC a déclaré lors des échanges sur les négociations que «la souveraineté fiscale suisse est menacée» ou que «l'UE pourrait interdire à la Suisse de mener sa propre politique fiscale». Elle fait référence aux nouveaux accords bilatéraux qui prévoient que le droit européen en matière de subvention soit également contraignant en Suisse. La milliardaire suisse craint que l'UE attaque les faibles impôts suisses sur les sociétés, car ils constituent une subvention étatique trop concurrentielle avec les politiques européennes.
Deuxièmement, Magdalena Martullo-Blocher a avancé qu'il y aurait un risque qu'un plus grand nombre de citoyens de l'UE accèdent aux assurances sociales suisses malgré le fait que «de nouvelles exceptions aient été définies». Elle préfère retenir que le nouvel accord pourrait conduire à une installation plus rapide des citoyens de l'UE. Le délai passant de 10 à 5 ans, un plus grand nombre aurait droit à des allocations sociales. Pour pouvoir leur refuser ou leur retirer l'établissement en Suisse, l'Etat devrait prouver que les citoyens de l'UE au chômage «sont eux-mêmes responsable de cette situation». Un changement qui ne convainc pas la vice-présidente de l'UDC.
Et troisièmement, Magdalena Martullo-Blocher critique le fait qu'avec la négociation de nouveaux accords, des concessions beaucoup trop importantes sont faites aux syndicats. «Ici, vous vous achetez éventuellement de gros problèmes», a-t-elle mis en garde les représentants des arts et métiers.
La vice-présidente de l'UDC a déclaré que le contrat provisoire «n'est pas satisfaisant pour l'USAM, à quelques exceptions près». Elle a ensuite invité l'organisation à rejeter toute nouvelle négociation dans sa réponse consultative. «Si l'on est déjà au courant de ces problèmes, il n'est pas nécessaire de mener des négociations finales», a conclu Magdalena Martullo-Blocher.
Ignazio Cassis rassure
L'intervention non prévue de la vice-présidente de l'UDC a été accueillie froidement par les participants. Une partie s'est plainte peu après de la récupération de l'évènement par les opposants à l'UE. Stephan Rietiker, l'adjoint de Blocher, Markus Somm, l'animateur de l'événement et le rédacteur en chef du journal satirique «Nebelspalter» ont notamment été pointés du doigt.
Quelques heures plus tard, Ignazio Cassis a en revanche été applaudi pour son intervention. Le ministre suisse des Affaires étrangères a tenu un discours de principe. Il a notamment évoqué les «lignes directrices des négociations». Ignazio Cassis a rétorqué qu'avec le résultat des négociations, le Conseil fédéral n'accepterait «aucune infiltration des systèmes sociaux».
Il a également assuré que le Conseil fédéral ne tolérerait pas non plus «d'affaiblissement de notre système juridique». Il a très clairement déclaré qu'il n'y aurait «pas de juges étrangers». Ignazio Cassis a ainsi contré l'argument de Magdalena Martullo-Blocher selon lequel l'UE s'assure une influence sur la politique fiscale suisse.
Le Conseiller fédéral a conclu en rejetant les demandes de rupture des négociations. «Il est indispensable que notre pays stabilise et développe la voie bilatérale avec l'UE.»