Selon Karin Keller-Sutter
La loi «too big to fail» trop risquée à mettre en œuvre

La loi suisse «too big to fail» ne se prête pas aisément à la liquidation d'une banque d'importance systémique active au niveau mondial, estime la ministre des Finances Karin Keller-Sutter. «Dans la pratique, les dommages économiques [...] seraient considérables».
Publié: 25.03.2023 à 08:54 heures
Karin Keller-Sutter s'oppose à l'idée de séparer l'entité suisse de Credit Suisse du reste de la banque ainsi qu'à son étatisation.
Photo: ALESSANDRO DELLA VALLE

Karin Keller-Sutter estime que le rachat de Credit Suisse par l'UBS était la meilleure des solutions pour régler la crise de l'ex-grande banque suisse. Selon la conseillère fédérale en charge des finances, la liquidation, même si elle était prévue par la loi suisse «too big to fail», aurait causé trop de dommages économiques.

Aucune pression exercée sur la Suisse

La loi suisse «too big to fail» ne se prête pas aisément à la liquidation d'une banque d'importance systémique active au niveau mondial, estime la ministre des finances Karin Keller-Sutter. «Dans la pratique, les dommages économiques [...] seraient considérables».

Même si une liquidation de Credit Suisse eût été possible d'un point de vue juridique selon le principe «too big to fail», ce n'était «clairement pas le moment de faire des expériences», déclare Karin Keller-Sutter dans un entretien diffusé samedi par la «Neue Zuercher Zeitung».

La conseillère fédérale affirme en outre qu'aucune pression n'a été exercée sur la Suisse lors des négociations qui ont abouti au rachat de Credit Suisse par l'UBS. «Personne ne nous a poussés dans une direction.»

Les autorités de surveillance ne seraient pas fautives

Quant à la séparation de l'entité suisse de Credit Suisse du reste du groupe et son maintien en tant que banque indépendante, comme le propose son parti, la PLR saint-galloise rejette l'idée. «Mettre en péril la reprise négociée avec de nouvelles conditions et l'altérer à ce stade serait très risqué, avec toutes les conséquences pour l'économie suisse et les marchés financiers internationaux», ajoute-t-elle. «Ce n'est pas beau – le Conseil fédéral a lui aussi dû passer par là – mais c'est la réalité.»

Karin Keller-Sutter repousse également les critiques, selon lesquelles les autorités de régulation seraient restées trop longtemps spectatrices dans la débâcle de Credit Suisse. La banque «a toujours respecté les exigences réglementaires en matière de capital et de liquidités», rappelle la ministre. Elle déclare ne pas s'être contentée de se fier aveuglement aux données, mais a informé l'ensemble du Conseil fédéral au début février des scénarios d'urgence.

La nationalisation de Credit Suisse était envisagée

«Les premières discussions entre les autorités et les banques ont eu lieu mercredi» 15 mars. Il était alors clair qu'une fusion entre Credit Suisse et l'UBS serait la meilleure solution, poursuit-elle, soulignant que d'autres scénarios n'avaient pas encore été écartés. «Même la décision de principe de nationaliser Credit Suisse avait été préparée sous la forme d'une ordonnance d'urgence.»

La ministre des finances se dit convaincue que la reprise de Credit Suisse par l'UBS, avec les garanties de la Confédération, est la meilleure des variantes. «Toutes les autres options étaient, à notre avis, plus risquées pour l'État, le contribuable, la place financière suisse et les marchés internationaux.» Même si l'UBS «n'était certainement pas dans une position de faiblesse», elle n'a pas dicté ses conditions, assure Karin Keller-Sutter.

Quant à la colère de la population face à une économie de marché dans laquelle on aide les «grands», la Saint-Galloise affirme la comprendre. «Moi aussi, j'ai du mal à l'accepter», surtout lorsque des erreurs de gestion ont conduit à une telle situation. Mais de telles erreurs ne peuvent pas être éliminées, ajoute-t-elle. «Je crains que le dilemme ne soit pas facile à résoudre.»

(ATS)

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