Prix des matières premières
L'inflation pèse sur les horlogers

La hausse des prix des matières premières, notamment les métaux industriels comme l'acier et le cuivre, affecte également les fournisseurs de l'industrie horlogère suisse. Certains anticipent une détérioration de leurs marges pour cette année.
Publié: 09.05.2022 à 12:49 heures
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Dernière mise à jour: 09.05.2022 à 14:01 heures
En mars, les exportations horlogères suisses vers la Chine ont chuté de presque 30% en raison des restrictions liées au Covid-19.
Photo: Keystone

«Nous ne souffrons actuellement pas de ruptures d'approvisionnement, mais d'un allongement régulier des délais de livraisons», indique à AWP Pierre Dubois, directeur général de Dubois Dépraz, une manufacture de la commune vaudoise Le Lieu, spécialisée dans la fabrication de composants et de complication pour montres.

«Les prix ont augmenté entre 10% et 20% en moyenne selon les alliages et les différents fournisseurs», poursuit le patron de l'entreprise familiale. Le groupe jurassien Acrotec, l'un des plus grands sous-traitants de l'industrie des montres helvétiques, est également confronté au renchérissement des prix des matières premières utilisées pour la fabrication des composants. «Nous répercutons dans une certaine mesure ces hausses à nos clients. Mais les discussions avec ces derniers ne sont pas toujours faciles», relève François Billig, le patron d'Acrotec.

Une certaine diminution des marges

Pierre Dubois fait remarquer que dans le composant horloger, l'impact du coût de la matière est mineur et les prix ne sont pas augmentés pour cette seule raison. «Si les prix sont ajustés, c'est pour refléter une augmentation généralisée des coûts, de la main d'oeuvre à l'énergie en passant par la matière. Ainsi que les investissements en machines et autres moyens de production.»

Tenant compte du renchérissement général, Acrotec anticipe ainsi une certaine diminution des marges pour l'exercice en cours, l'horlogerie contribuant à environ 50% du chiffre d'affaires annuel du groupe basé à Develier, actif également dans les dispositifs médicaux, l'automobile et l'aéronautique.

«L'évolution du chiffre d'affaires est bonne pour le moment, mais nous sommes quelque peu inquiets pour la Chine au vu de l'évolution du Covid-19 et des restrictions en cours», indique François Billig.

La Chine, principal marché d'exportation

Fin 2021, la Chine, actrice de la croissance du secteur depuis plusieurs années, était le principal marché d'exportation de l'industrie horlogère helvétique. Ne pouvant pas voyager à l'étranger en raison du coronavirus, les habitants de l'Empire de milieu ont dopé les chiffres d'affaires des maisons horlogères de luxe dans leur pays alors qu'avant la pandémie, ils préféraient faire leurs emplettes en Europe notamment.

En mars, les exportations horlogères suisses vers la Chine ont chuté de presque 30% en raison des restrictions liées au Covid-19, mais le pays reste le deuxième marché le plus important pour l'industrie. «Tant que les Etats-Unis marchent bien ça va, mais nous suivons attentivement les évolutions du marché», admet le patron d'Acrotec. Malgré le ralentissement de la Chine, les exportations de l'industrie des montres affichent une santé solide, grâce notamment aux amateurs de garde-temps de luxe d'outre-Atlantique. Elles ont gagné sur les trois premiers mois 14,3% à 5,8 milliards de francs.

Le baromètre industriel au deuxième trimestre de la Chambre d'économie publique du Jura bernois (CEP), région où les sous-traitants horlogers sont très présents, indique aussi une «brutale» hausse de la jauge d'incertitude notamment en raison d'une inflation généralisée. Cet indicateur note aussi que si les volumes d'affaires évoluent à des niveaux élevés, les «résultats opérationnels escomptés ne sont toutefois pas à la hauteur de l'activité déployée» à cause du renchérissement des prix, selon un communiqué.

(ATS)

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