«Les participants formeront une communauté, ils échangeront entre eux, afin d'augmenter leurs compétences en matière de consommation», a expliqué mardi devant les médias l'ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss, présidente de l'association ChanGE. Le projet genevois sera non lucratif, tout éventuel excédent servant à financer une partie de la recherche, a-t-elle précisé.
Production bio
ChanGE sera responsable de la production - biologique et locale - ainsi que de la vente, avec une forte composante de prévention et d'information à la population. Vendus au prix du marché noir, les produits - de vapotage, avec une plus grande concentration de CBD ou encore sous forme de résine - ne seront toutefois pas ceux que l'on trouve illégalement, selon Martine Baudin, coordinatrice du projet.
Les études seront menées par le professeur Sandro Cattacin, du Département de sociologie de l'Université de Genève, et le professeur Daniele Zullino, médecin-chef du Service d'addictologie des Hôpitaux universitaires de Genève. Le nombre de participants est limité à 1000 adultes consommateurs réguliers non dépendants, qui devront répondre à interviews et à des questionnaires.
Ruth Dreifuss estime que de nombreuses personnes auront des avantages personnels à participer à cet essai pilote. Elle pense notamment à celles qui sont en faveur de la libéralisation du marché ou celles, âgées, qui ont recours au cannabis pour mieux dormir, mais qui ne veulent pas passer par du cannabis médical.
Dans un cadre légal
Cet essai de trois ans s'inscrit dans le cadre de la modification de la loi fédérale sur les stupéfiants qui ouvre la voie à des projets scientifiques strictement encadrés sur la culture, l'importation, la fabrication et la vente de cannabis. La demande d'autorisation sera déposée début octobre auprès de l'Office fédéral de la santé publique en vue de commencer la vente dans le courant de l'été 2023.
Si la majorité des projets alémaniques misent sur une vente en pharmacie, Genève veut le faire dans une Cannabinothèque, à Vernier. La deuxième ville du canton «connaît des problèmes liés au deal et à la délinquance», a relevé le conseiller administratif Martin Staub, qui développe un modèle sécuritaire avec les services communaux et les habitants en vue de l'ouverture d'un commerce «visible et accessible».
Le canton de Genève soutient aussi ce projet. «Le marché noir est bien installé, il profite aux réseaux mafieux. La répression a montré ses limites. Elle ne permet pas de contrôle de la qualité ni des effets sur la consommation», a déclaré le conseiller d'Etat Mauro Poggia, en charge du Département de la sécurité, de la population et de la santé.
(ATS)