Plus de 8000 variétés différentes de cannabis poussent actuellement dans une serre à Zeiningen, en Argovie. Ce n'est pas une monstrueuse plantation illégale, mais un projet du campus de recherche de la Pure Holding AG. Vingt-cinq scientifiques étudient l’ADN et les principes actifs des plantes importées du monde entier, ce qui leur vaut une autorisation exceptionnelle de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) depuis 2020. Désormais, le producteur suisse de cannabis deviendra le fournisseur exclusif du premier projet pilote de distribution de cannabis à Bâle-Ville. L’OFSP a donné son autorisation mardi.
«Nous avons passé les deux dernières années à nous préparer pour ce projet pilote. Depuis, nous avons pu tester quelle variété spécifique de THC convient le mieux à Bâle», explique Lino Cereghetti. Ce biologiste de formation fait partie de la direction du producteur suisse de cannabis. Il est certain que de nombreux autres projets de ce type suivront dans les villes suisses.
Huit à douze francs le gramme
Quatre sortes de fleurs et deux sortes de haschisch seront accessibles à 400 volontaires à partir de la fin de l’été 2022 via dix pharmacies sélectionnées à Bâle-Ville. Certains des produits contiennent plus de THC, d’autres moins. Tous sont fabriqués en Suisse à partir de cultures biologiques. Les prix s’aligneront sur le marché noir local, comme le stipule l’ordonnance du projet pilote. «Cela représente entre 8 et 12 francs par gramme, selon le produit et la teneur en THC», explique Lino Cereghetti.
Chez Pure Holding AG, on espère pouvoir contribuer à une régulation du cannabis qui fonctionne en Suisse en soutenant l’étude. Le biologiste déclare: «Avec ces essais, nous voulons fournir des connaissances sur ce à quoi pourrait ressembler une régulation qui fonctionne.»
Du côté scientifique, le projet est accompagné par l’université de Bâle, les cliniques psychiatriques universitaires et le département de la santé de Bâle-Ville. Lavinia Flückiger, codirectrice de l’étude, explique: «Notre objectif est de découvrir comment une distribution réglementée de cannabis se répercute sur le comportement de consommation et sur la santé physique et mentale des gens.» Selon elle, les risques sont limités, surtout en comparaison avec le marché noir. Le cannabis est propre, il n’est ni coupé ni contaminé. De plus, il est possible d’informer et d’éduquer beaucoup mieux les gens. Seuls les adultes ayant déjà une expérience de la consommation de cannabis seront autorisés à participer à l’étude. La sélection des volontaires commencera en août 2022.
(Adaptation par Jocelyn Dalloz)