26 mai 2021 – 15 décembre 2023: il aura donc fallu attendre plus de deux ans et demi pour que le Conseil fédéral et la Commission européenne s’entendent sur un même texte, destiné à baliser les futures négociations bilatérales.
Nouveau paquet bilatéral
C’est en effet ce vendredi que le mandat adopté par le gouvernement suisse a été rendu public, avant d’être mis en consultation. Il constituera la base des futurs pourparlers en vue d’aboutir à un nouveau paquet d’accords bilatéraux.
Il est surtout accompagné d’un document accepté par Berne et Bruxelles, qui identifie les zones «d’atterrissage» identifiées par les deux parties. Enfin une feuille de route précise, après plus de deux années à naviguer dans le brouillard, suite au rejet du projet d'accord-cadre! Lequel avait été négocié pendant huit ans, entre 2013 et 2021!
Cette annonce a une vertu: la clarté. La Suisse a compris, par la voix d’Emmanuel Macron lors de sa visite helvétique, que son approche d’une «Europe à la carte» n’est plus taboue. Le président français l’a dit et répété: l’important est aujourd’hui d’accélérer la coopération concrète sur le terrain en matière de gestion des flux migratoires, d’innovation, de lutte contre le réchauffement climatique et de construction d’infrastructures énergétiques et numériques.
Comment? En s’impliquant dans la Communauté politique européenne, ce forum informel de 46 pays du continent, dont la Suisse est prête à accueillir un prochain sommet. Voilà au moins une direction!
Lever les ambiguïtés
L’urgence, dès lors, était de lever les ambiguïtés. Ce qui a été fait. Berne et Bruxelles ont acté des principes. La Commission européenne a fait des exceptions. Et pour une fois, les deux parties ont accepté des garanties qui, à priori, leur permettront d'aboutir.
Garanties? Oui, car l’Union européenne, premier partenaire commercial de la Confédération, ne veut pas se retrouver dans une situation similaire à celle de mai 2021, lorsque le Conseil fédéral lui claqua la porte au nez en rejetant l’accord-cadre. Logique. Ce qui vient d'être annoncé ce vendredi a donc valeur d’engagement mutuel. Même si le calendrier des futures négociations reste encore à affiner.
Les mots pour le dire
Dernier point essentiel de cette annonce et de ce mandat de négociation dont les partenaires sociaux vont maintenant s’emparer: les mots pour le dire. Maintenant que les élections fédérales ont eu lieu, Ignazio Cassis doit cesser d’avoir peur de son ombre. C’est à lui, comme chef du département des Affaires étrangères tout juste réélu, de montrer la direction et de convaincre ses interlocuteurs européens. Le premier semestre 2024, avant les élections européennes du 6 au 9 juin, sera un moment décisif pour cette explication de texte Suisse-UE.
Il ne suffit pas de dissiper le brouillard après l’avoir tant alimenté. Il faut maintenant, pour avancer face aux syndicats et à l'UDC toujours mobilisés, allumer les phares, démarrer le moteur et tenir le volant.