Vers une nouvelle guerre civile?
L'inquiétude croît en Afghanistan face à l'avancée des talibans

Un système de défense capable d'intercepter roquettes et missiles a été déployé à l'aéroport de Kaboul, voie de sortie des ressortissants étrangers d'Afghanistan. Un nouveau signe d'inquiétude face à l'avancée inexorable des talibans. La Turquie étend son influence.
Publié: 12.07.2021 à 09:33 heures
Après le retrait américain, les forces afghanes n'ont offert qu'une faible résistance et ne contrôlent plus que les axes principaux et les capitales provinciales, dont plusieurs encerclées par les insurgés.
Photo: JALIL REZAYEE

La situation devient de plus en plus tendue en Afghanistan après le retrait des troupes occidentales. Privées du crucial soutien aérien américain, les forces de sécurité afghanes n'ont offert qu'une faible résistance face à des talibans étendant toujours plus leur zone d'influence. Elles ne contrôlent plus essentiellement que les axes principaux et les capitales provinciales, dont plusieurs sont encerclées par les insurgés.

Les talibans se sont emparés ces deux derniers mois de larges portions de territoire, lors d'une offensive tous azimuts lancée début mai à la faveur du début du retrait définitif des troupes étrangères d'Afghanistan. Plusieurs districts de provinces voisines de Kaboul sont tombés sous leur joug, faisant craindre qu'ils n'attaquent prochainement la capitale ou son aéroport.

Inquiétude d'une nouvelle guerre civile

Dimanche, le porte-parole des forces afghanes de sécurité a tenté de rassurer, démentant que les talibans contrôlent 85% du territoire afghan, comme ils l'affirment, une assertion impossible à vérifier de façon indépendante.

«Ce n'est pas vrai. Les combats se poursuivent dans la plupart des zones» que les talibans disent contrôler, a affirmé Ajmal Omar Shinwari, porte-parole des forces afghanes de sécurité, tout en appelant les jeunes à rejoindre l'armée, indiquant que «le gouvernement avait facilité le processus de recrutement».

Une déclaration qui intervient sur fond de mobilisation de milices par le gouvernement et les chefs de guerre antitalibans, suscitant l'inquiétude d'une nouvelle guerre civile.

Sécurité renforcée autour de l'aéroport

«Le système de défense aérienne nouvellement installé est opérationnel à Kaboul depuis 02h00 ce dimanche matin», a indiqué le ministère afghan de l'Intérieur, sans autres détails.

Ce système de défense «nous a été donné par nos amis étrangers» qui pour l'heure «le font fonctionner pendant que nous acquérons les connaissances pour l'utiliser», a déclaré Ajmal Omar Shinwari, sans nommer le pays concerné.

Au cours de ses 20 ans de présence en Afghanistan, l'armée américaine a déployé sur ses bases plusieurs systèmes C-RAM (Contre-Roquettes, Artillerie et Mortiers), capables de détecter et détruire les projectiles les visant, ainsi que de donner l'alerte. Ce type de système était notamment déployé sur l'immense base de Bagram, à 50 km au nord de Kaboul, restituée début juillet aux forces afghanes.

Les talibans ont déjà utilisé des roquettes et mortiers contre les forces gouvernementales ou étrangères et leur rivaux du groupe Etat islamique (EI) ont mené une attaque de ce type contre Kaboul en 2020.

La Turquie s'est d'ailleurs engagée à assurer la sécurité de l'aéroport de Kaboul quand les troupes américaines et de l'Otan auront quitté le pays d'ici le 31 août.

L'Inde et la Russie ferment leur consulat

Inquiète des combats proches de Kandahar, l'Inde a annoncé avoir évacué le personnel indien de son consulat dans la grande ville du sud de l'Afghanistan. Le ministère indien des Affaires extérieures a évoqué «une mesure purement temporaire, jusqu'à ce que la situation se stabilise» et indiquant que «le consulat continue de fonctionner grâce à son personnel local».

La province de Kandahar, berceau et bastion historique des talibans, a été le théâtre d'intenses combats récemment. Les insurgés se sont emparés début juillet du district-clé de Panjwai, à une quinzaine de km de la ville de Kandahar et vendredi, ils ont attaqué une prison des faubourgs de la capitale provinciale avant d'être repoussés.

En raison des combats dans le nord de l'Afghanistan, la Russie a récemment fermé son consulat à Mazar-i-Sharif, capitale de la province de Balkh et un des principaux centres urbains afghans, proche de la frontière avec l'Ouzbékistan. Pékin a pour sa part conseillé à ses ressortissants de quitter le pays et a évacué 210 d'entre eux début juillet.

De son côté, le ministère afghan des Réfugiés a appelé l'Europe à ne plus expulser de migrants afghans ces trois prochains mois en raison de «l'escalade de la violence» et de la propagation du Covid-19.

(ATS)

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