Après avoir enchaîné les succès dans le nord-est de l'Ukraine, les troupes indigènes poursuivent leur contre-offensive dans le sud de leur pays. Mais l'issue des combats semble cette fois-ci plus incertaine. Car parmi les 24'000 soldats russes, on compte de nombreux parachutistes faisant partie des troupes les plus compétentes du Kremlin, explique le commandant d'une unité de drones ukrainienne à «Der Spiegel». De plus, les combattants locaux rapportent que les positions des occupants sont bien fortifiées, en partie avec du béton. Comment l'armée du président Zelensky compte-t-elle donc s'y prendre pour poursuivre sur sa lancée?
Un facteur primordial est l'observation et donc la connaissance des faits et gestes de l'ennemi. «Nous voyons 70% de ce que font les Russes», explique le chef de l'unité de reconnaissance aérienne ukrainienne. Pour parvenir à cela, un système de surveillance est composé de trois piliers. Tout d'abord, les drones des forces spéciales qui alimentent avec leurs prises de vue un logiciel développé en Ukraine. Celui-ci analyse les images grâce à l'intelligence artificielle. S'ajoutent à cela les indications fournies par la population des territoires occupés, ainsi que les images satellites de divers partenaires.
Maniement habile des armes occidentales
La zone où vont désormais se concentrer les combats est la dernière à l'ouest du fleuve Dniepr à être contrôlée par les Russes. C'est un point stratégique depuis lequel ceux-ci pourraient tenter de prendre le contrôle de la côte ukrainienne de la mer Noire à l'avenir. Selon Roman Kostenko, commandant d'unité spéciale, on ne devrait pas en arriver là. «Nos hommes infligent à l'ennemi des pertes bien plus importantes que celles que nous subissons, avec beaucoup moins de moyens», assure-t-il.
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Il faut dire que les Ukrainiens utilisent habilement les armes occidentales. «Nos militaires les maîtrisent rapidement et les adaptent à leurs missions de combat», continue le commandant. Les drones de fabrication locale ont également un impact sur le front: «Nous les utilisons tous les jours et toutes les nuits pour détruire des équipements adverses d'une valeur de plusieurs millions de dollars.»
Le moral des Russes en baisse
Sur le front sud, les Ukrainiens mènent donc une guerre d'usure. Ils harcèlent les troupes russes en créant régulièrement des troubles avec leurs drones de combat. Il en résulte pour l'adversaire une perte de munitions qui nécessite un ravitaillement. Cela oblige les Russes à se découvrir lors de livraisons logistiques. C'est le moment que choisissent les Ukrainiens pour frapper, notamment avec l'artillerie occidentale ultraprécise.
L'aspect psychologique joue également en faveur de l'Ukraine, affirme «Slon», très optimiste vice-commandant de la même unité spéciale à «Der Spiegel»: «Ce n'est qu'une question de temps avant que la défaite écrasante dans le nord-est ne se répercute sur le moral des troupes du Kremlin dans le sud.» Les Ukrainiens se sont aussi emparés de plusieurs chars au nord-est, ce qui pourrait se révéler décisif pour la victoire au sud. «Artek», un autre soldat de l'unité spéciale, décrit les mines comme principal danger pour les Ukrainiens. Grâce à des chars supplémentaires, ces obstacles devraient être contournés à l'avenir.
(Adaptation par Thibault Gilgen)