Ils ne sont pas complètement innocents. Et ils le savent. Depuis la tentative d’assassinat contre Donald Trump, samedi 13 juillet lors d’un meeting de campagne à Butler Park, les partisans du parti démocrate évitent de renvoyer l’ancien président américain devant ses responsabilités. Ils savent en effet qu’eux aussi ont joué un rôle dans l’hystérisation de la campagne présidentielle américaine. A force de qualifier Trump d’apprenti dictateur, ils ont fourni des arguments en or à tous ceux qui rêvent d’éliminer les «adversaires de l’Amérique».
Joe Biden a aussi une responsabilité. Elle ne lui incombe pas directement. Mais il est clair qu’en décidant de maintenir sa candidature à 81 ans, contre l’avis de nombreux spécialistes, des médias et de quelques-uns de ses principaux soutiens financiers, l’actuel président des États-Unis a biaisé cette folle campagne. Il s’agissait à l’origine, programme contre programme, de savoir à quoi ressemblera l’Amérique à l’horizon 2030, notamment face à la Russie et à la Chine. Et maintenant? Plus personne ne parle des projets respectifs des deux hommes.
Attaques personnelles
Trump attaque Biden sur sa personne, sur ses faiblesses physiques, sur ses absences, sur ses gaffes mémorables et sur sa désastreuse prestation lors de leur débat télévisé à Atlanta, le 27 juin. Biden, sans aller jusqu’à des accusations publiques, a plusieurs fois traité Trump de «mégalomane» désireux d’exercer le «pouvoir sans contrôle». «Il abuserait de son pouvoir s’il était de retour à la Maison-Blanche, et changerait la façon dont l’Amérique est perçue à l’étranger», a poursuivi l’actuel chef de l’État devant ses conseillers.
La chaîne de télévision ABC News a, dans la foulée de l’attentat de Butler Park, mis en garde le parti de Joe Biden, dont la convention se tiendra à Chicago à la mi-août: «Le fait que Donald Trump ait échappé à la mort devrait mettre le président Joe Biden et sa campagne encore plus sur la sellette, en réduisant leur message et en transformant une course dans laquelle Joe Biden était déjà perçu comme chancelant, expliquait, ce week-end, l’un des éditorialistes de la chaîne. Le président ne sera probablement pas en mesure de diffuser des messages aussi agressifs que d’habitude, notamment en ce qui concerne la menace supposée de M. Trump pour la démocratie.»
Comparaison avec Hitler
La riposte des républicains, dont la Convention s’ouvre ce lundi 15 juillet à Milwaukee, dans le «swing state» du Wisconsin (l’un des quatre ou cinq États clés pour l’élection présidentielle), donne aussi le ton. L’enquête ouverte par le FBI n’a pourtant pas encore avancé d’explication crédible pour le geste commis par le tireur, Thomas Matthew Crooks, tué par la police. Le sénateur de Floride Rick Scott qui se présente pour devenir le prochain leader républicain du Sénat, estime que «les démocrates et les libéraux dans les médias ont qualifié Trump de fasciste. Ils l’ont comparé à Hitler.»
Et d’ajouter, en oubliant tous les discours pyromanes de Donald Trump, arrivé à Milwaukee le poing levé, comme le jour de cet attentat susceptible de renforcer ses chances électorales: «Il ne s’agit pas d’un incident malheureux. Il s’agit d’une tentative d’assassinat par un fou inspiré par la rhétorique de la gauche radicale.»