Donald Trump aurait pu mourir devant ses dizaines de milliers de partisans déchaînés à Butler, Pennsylvanie. Selon les premiers éléments de l’enquête rendus publique par le FBI, assassiner le candidat républicain à la présidence étaient bien l’intention de l’auteur des tirs, un jeune de 20 ans tué ensuite par la police.
Cette réalité, qui n’a rien de neuve dans ces États-Unis ravagés par la violence et les armes à feu, doit nous faire réfléchir une fois de plus sur le degré de haine et de colère qui contamine nos démocraties. Et sur les risques physiques encourus par tous ceux qui, dans leurs campagnes électorales puis dans l’exercice de leurs fonctions, deviennent évidemment des cibles.
Il est impossible, toutefois, de délier cette tentative d’attentat sur Donald Trump – dans l’attente d’éléments complémentaires sur le tueur présumé, abattu ensuite par la police – du comportement de l’ancien président américain. Trump a fait de la colère l’arme de son combat politique. Il n’a jamais répugné à attaquer violemment ses adversaires.
Violence et politique
Il a, on le sait, exhorté ses partisans à marcher sur le Capitole à Washington, ce qui a donné lieu à l’assaut du Congrès le 6 janvier 2021. Trump est, qu’on le soutienne ou qu’on le déteste, l’incarnation de la violence en politique. Il est aussi un partisan acharné des armes à feu. Il n’a jamais conçu le combat démocratique autrement qu’en une confrontation directe, personnelle, cherchant dès qu’il le peut à humilier ses adversaires.
En agissant ainsi, Donald Trump a transformé l’indispensable débat en pugilat permanent. Ses partisans le défendent en disant que l’élite médiatique ne lui laisse aucune autre possibilité pour se faire entendre. Selon ce refrain souvent entendu, les candidats tels que Trump n’ont pas d’autres ressources que de briser le couvercle du consensus élitiste pour atteindre le peuple que trop d’intérêts cherchent à museler.
L’histoire dira, encore une fois, pourquoi le tueur présumé a tiré sur l’ancien locataire de la Maison-Blanche. Mais un fait est déjà établi: la rage transformée en haine accompagne Trump à chacun de ses meetings. Il s’emploie à l’utiliser à son profit. Il surfe sur elle. Il en a fait son baromètre.
Haine électoraliste
Attention: cette haine électoraliste n’explique pas tout. De grands leaders non violents, comme Gandhi en Inde ou Martin Luther King aux États-Unis ont été assassinés. Rappeler cette évidence s’impose néanmoins. Donald Trump, en polarisant à l’extrême la société américaine, se retrouve à faire campagne dans un pays de moins en moins capable d’accepter l’autre, de tolérer le débat, et de défendre l’intérêt général sans diaboliser l’adversaire. Et donc mettre une cible sur le front de chacun, à commencer par lui-même.