Deux images resteront de la tentative d’assassinat de Donald Trump, ce samedi 13 juillet 2024 à Butler, dans l’État clé de Pennsylvanie. La première est celle de son visage ensanglanté à l’oreille droite, assurée de donner à l’ancien président américain un statut de martyr pour tous ses partisans. La seconde est celle de Trump défiant, le poing en l’air, évacué de la scène par les agents des services secrets chargés de sa protection.
Le message de cette seconde image est celui qui va planer sur les prochains mois de campagne présidentielle, jusqu’à l’élection du 5 novembre 2024. Elle dit aujourd’hui au monde entier que rien ne peut arrêter l’ancien locataire de la Maison-Blanche dans sa lutte sans merci pour revenir au pouvoir.
Donald Trump, rescapé, est-il devenu imbattable? Il est évidemment impossible de répondre à cette question sans prendre en compte les résultats de l’enquête qui a déjà conduit le FBI à identifier le tireur, abattu dans la foulée de son acte: identifié par son ADN, Thomas Matthew Crooks, 20 ans, était enregistré dans les fichiers électoraux de Bethel Park, sa ville en Pennsylvanie, comme un électeur républicain. Il aurait tiré depuis un toit avec un fusil automatique MR 15, très répandu aux États-Unis. Au moins deux participants au meeting ont affirmé qu'ils l'avaient vu ramper sur le toit d'un building, et que la police n'était pas intervenue.
Tuer Donald Trump?
Thomas Matthew Crooks a-t-il laissé derrière lui des messages explicatifs de sa volonté de tuer Donald Trump? S’était-il auparavant confié à des proches? On sait que le vote, dans cet État proche de Washington, sera déterminant le 5 novembre. La Pennsylvanie, avec ses 13 millions d’habitants, est l’un des swing states, ces états pivots disputés entre démocrates et républicains. Sa ville principale est Philadelphie, où la Constitution du pays fut signée à l’issue d’une convention tenue du 25 mai au 17 septembre 1787. Joe Biden y avait remporté, en 2020, ses 20 grands électeurs avec 50.01% des suffrages contre 48,84% pour Trump.
Deux éléments, en revanche, vont maintenant peser encore plus lourd dans cette folle campagne électorale.
Deux éléments à prendre en compte
Le premier est la division de l’Amérique. Elle n’est pas nouvelle. Mais pour tous ceux qui associent Donald Trump à la violence, au déferlement de haine et de colère, et au risque d’une guerre civile, cet attentat apporte la preuve que le danger est réel. Quel que soit le résultat de l’enquête, et quelles que soient les motivations ou l’enchaînement des faits qui ont conduit à cette tentative de meurtre de Trump lors de son meeting à Butler, ville proche de la métropole industrielle de Pittsburgh, il ne sera plus possible de dissocier l’ancien président et la violence qu’il suscite.
On avait déjà, dans un tout autre registre, les images effrayantes de l’assaut des Trumpistes contre le Capitole, le 6 janvier 2021. Voici maintenant Trump victime d’un attentat, et rescapé. Comme cet autre président républicain considéré comme un modèle par la droite américaine: Ronald Reagan, touché par des tirs le 30 mars 1981 à Washington, la capitale fédérale. Trump, cible d'un extrémiste, d'un fou ou d'un dérangé instrumentalisé ? Comme avant lui John Fiztgeral Kennedy, assassiné le 24 novembre 1963 à Dallas, ou son frère Robert Kennedy tué le 6 juin 1968 à Los Angeles ?
Trump rescapé, l’argument choc
Le deuxième élément est évidemment la résistance physique du candidat immanquablement mise en évidence par cet acte, et le fait que Trump s’en est sorti. Là aussi, l’enquête dira ce qu’il a subi comme blessure, et la gravité des lésions entraînées par le tir. Mais Trump a résisté. Ensanglanté, il a levé le poing. Il a dit aux Américains qu’il combattra jusqu’au bout. Il a promis d'être présent à la convention républicaine de Milwaukee (Wisconsin) qui s'ouvre ce lundi 15 juillet. En face, Joe Biden (qui a téléphoné à son adversaire) vient sans doute d'encaisser un autre coup potentiellement fatal.
L’actuel Chef de l’État a aussitôt affirmé «qu’il n’y a pas de place pour ce genre de violence» dans la campagne. Sa condamnation de l’attentat est sans équivoque. Mais Biden, touché de la même manière par un tireur, aurait-il peu se relever et tendre le poing avant de s’écrouler? On voit déjà les vidéos et les clips que la campagne de Trump ne manquera pas d’utiliser dans les prochaines semaines, si l’intéressé se rétablit et repart sur les routes de l’Amérique. Trump le survivant. Trump qui surmonte toutes les épreuves. Trump rescapé face à Biden le naufragé.
Cette présidentielle 2024 était de plus en plus souvent comparée à une tragédie. Elle l’est encore plus devenue ce samedi 13 juillet. Une tragédie américaine.