Les troupes ukrainiennes ont repris près de 1000 kilomètres carrés à l’envahisseur russe depuis le début du mois de septembre, notamment dans le district de Balakliia. L’armée de Volodymyr Zelensky aurait même progressé de plus de 50 kilomètres vers l’est, au-delà des lignes ennemies. «Dans le cadre des opérations de défense en cours, nos héros ont déjà libéré des dizaines de colonies», a déclaré jeudi le président ukrainien.
L’armée russe semble aux abois. Et la situation pourrait être même s’aggraver. Selon l’état-major ukrainien, l’avancée se poursuit au-delà de Balakliia en direction de la ville de Koupiansk. C’est là que se trouve un important nœud ferroviaire via lequel la Russie approvisionne ses hommes.
Comment l’armée ukrainienne parvient-elle à repousser les troupes russes aussi rapidement, et avec autant de succès?
«Les troupes russes doivent être débordées»
La recette du succès des Ukrainiens n’est autre que leur rapidité. «Ils avancent notamment dans le Nord-Est grâce un rythme opérationnel élevé et une bonne interaction entre l’infanterie et les formations mécanisées», explique Marcel Berni, expert en stratégie à l’Académie militaire de l’EPF de Zurich. En bref: «Les troupes russes doivent être débordées.»
Selon le spécialiste, cette approche – combinée à un ravitaillement russe limité, au soutien occidental ainsi qu’à une tactique et un commandement efficace – facilite la progression ukrainienne tout en limitant les possibilités des Russes.
Dans ce scénario, ce n’est pas seulement le manque de ravitaillement qui pose problème à l’armée de Vladimir Poutine, mais aussi l’engagement sur le terrain qui dure déjà depuis six mois. «Les Russes sont pris en sandwich puisque les Ukrainiens attaquent en parallèle au nord-est et au sud», note Marcel Berni.
Selon lui, cela signifie que les troupes russes, déjà fatiguées, doivent tenter de se défendre sur un front plus étendu. «L’armée russe qui ne possède que peu de forces terrestres se retrouve dispersée dans des directions opposées à cause d’attaques simultanées», explique l’expert militaire à Blick avant d’ajouter: «Cela empêche les soldats de fixer un cadre opérationnel – comme ils le faisaient encore au début de l’été dans le Donbass.»
Le point faible de l’Ukraine: les armes
Même si les Ukrainiens enregistrent actuellement plusieurs succès, de nouvelles troupes russes ne devraient pas tarder à arriver, comme le troisième corps d’armée avec environ 20’000 soldats. Ils tenteront de renverser la donne sur le champ de bataille.
A noter qu’ils ont un avantage de taille: ils disposent d’armes modernes contrairement à l’Ukraine. «Ce qui manque actuellement à l’Ukraine, ce sont surtout des chars de combat occidentaux modernes pour protéger leurs troupes lors d’attaques sur un large front. Actuellement, ils doivent se contenter de vieux chars soviétiques», précise Marcel Berni.
Malgré les succès ukrainiens, la fin de la guerre n’est pas encore en vue. Les troupes ukrainiennes doivent s’attendre à une nouvelle offensive russe tôt ou tard. Pour le spécialiste, il est évident que seul l’effondrement complet d’un camp pourrait écourter cette guerre.
(Adaptation par Valentina San Martin)