«Il est clair et évident pour nous tous que la guerre en Afghanistan ne s'est pas terminée dans les termes que nous voulions, avec les talibans au pouvoir à Kaboul», a expliqué le général Milley lors d'une audition à la Chambre des représentants.
«Quand il se passe quelque chose comme une guerre perdue - et elle l'a été, dans le sens où nous avons rempli notre mission stratégique de protéger l'Amérique contre Al-Qaïda mais où il est certain que la situation finale est bien différente que ce que nous voulions», a-t-il admis.
«Quand quelque chose comme ça se passe, il y a plein de facteurs d'explication», a-t-il repris, notant que cet «échec stratégique» était «la conséquence d'une série de décisions stratégiques qui remontent à loin».
Il a notamment cité les occasions ratées de capturer ou tuer le chef d'Al-Qaïda Oussama ben Laden peu après le lancement de l'intervention en Afghanistan en 2001, l'invasion de l'Irak en 2003 ayant drainé de nombreux soldats, l'échec de Washington à empêcher le Pakistan de devenir un «sanctuaire» pour les talibans et le retrait de conseillers militaires déployés dans les unités afghanes ces dernières années.
L'opération américaine de représailles, lancée après les attentats du 11-Septembre, a évolué en une vaste entreprise de reconstruction du pays pour éviter un retour des talibans au pouvoir, ce qui s'est quand même produit le 15 août au terme d'une offensive éclair.
L'effondrement de l'armée et du gouvernement afghan a précipité les opérations de retrait des militaires américains et de leurs alliés civils afghan, marquées par un attentat meurtrier revendiqué par le groupe Etat islamique à l'aéroport de Kaboul.
Mardi, les chefs du Pentagone avaient reconnu devant le Sénat avoir sous-estimé la démoralisation de l'armée afghane après l'accord passé en février 2020 entre l'administration de Donald Trump et les talibans.
Celui-ci prévoyait le retrait de tous les soldats étrangers d'Afghanistan avant le 1er mai 2021, en échange de garanties sécuritaires et de l'ouverture de négociations directes inédites entre les insurgés et les autorités de Kaboul. Malgré l'absence de progrès dans les discussions inter-afghanes, Joe Biden avait décidé de respecter l'accord, tout en repoussant la date-limite du retrait au 31 août.
(ATS)