Risques économiques
En 2024, ces 5 crises internationales peuvent nous ruiner

L'économie mondiale est fragilisée en cette fin d'année 2023. Si les tensions augmentent, les échanges commerciaux seront affectés. Avec pour conséquence une possible hausse des prix et des risques.
Publié: 30.12.2023 à 12:01 heures
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Dernière mise à jour: 30.12.2023 à 12:26 heures
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Le commerce international a besoin de routes maritimes sûres. La crise au Moyen Orient est une mauvaise nouvelle pour les transporteurs.
Photo: Anadolu via Getty Images
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Richard WerlyJournaliste Blick

Pour les Chinois et les Japonais, le mot «crise» est en réalité composé de deux idéogrammes: l’un signifiant le danger, et l’autre l’opportunité. Dire que l’année 2024 recèle des crises potentielles dangereuses pour l’économie mondiale – et donc pour nos portefeuilles et nos emplois – ne signifie donc pas que tout le monde connaîtra le même sort.

Certains pays s’en tireront sans doute mieux que d’autres. Il y a toujours, aussi, des «profiteurs de crise», qui savent spéculer, investir, ou retirer leur épargne au bon moment. Mais intéressons-nous un instant au sort de ceux qui ont fait, depuis un siècle, la prospérité des pays occidentaux, dont la Suisse: la classe moyenne. Voici les cinq crises internationales susceptibles, en 2024, de lui coûter cher.

Crise N° 1: Panique maritime

Le canal de Suez est à la périphérie du continent européen. Les détroits d’Ormuz et de Bab-El- Mandeb, dans le Golfe Persique, sont encore plus loin. Le canal de Panama est de l’autre côté de l’Atlantique.

Mais imaginez que tous ces points névralgiques du commerce mondial soient soudain paralysés? Il a suffi, en décembre, de quelques missiles tirés sur des cargos et des tankers par les rebelles Houthis du Yémen, proches de l’Iran, pour qu’un début de panique maritime s’installe.

Souvenez-vous, en mars 2021, du chaos causé par le blocage du canal de Suez par le porte-conteneurs Ever Given, ensablé. Qui dit blocage des mers dit pénuries d’approvisionnement, dérèglement des chaînes de production, et explosion des coûts de transport. Les avocats des relocalisations industrielles applaudiront. Mais on ne construit pas des usines en quelques semaines.

Crise N° 2: Panique énergétique

On connaît le scénario. Vladimir Poutine l’a imposé de force aux Européens avec son agression contre l’Ukraine, le 24 février 2022. D’un seul coup, le continent entier a dû se tourner vers d’autres fournisseurs de gaz et de pétrole. Par chance, l’hiver 2022-2023 n’a pas été trop rigoureux. Mais imaginez ce qui se passera si les températures plongent au début 2024?

On voit qu’aujourd’hui, tout repose ou presque sur le marché du gaz liquéfié, en provenance des États-Unis et de quelques pays pourvoyeurs de GNL, comme le Qatar. La France, de son côté, promet un redémarrage de son industrie nucléaire. Une alliance européenne des petits réacteurs nucléaires (réacteurs SMR de 3e génération et réacteurs modulaires avancés ou AMR) doit être lancée dans les prochaines semaines. Nos factures de chauffage et d’électricité sont la preuve de notre vulnérabilité.

Crise N° 3: Panique alimentaire

Rassurez-vous: ce ne sont pas les Européens, ou les Occidentaux en général, qui vont manquer de nourriture en 2024. Mais qui peut prédire à quoi va ressembler cette année agricole, alors que les exportations de céréales en provenance d’Ukraine vont continuer d’être limitées, en raison de la guerre imposée par la Russie.

L’Afrique, sous la menace d’une désertification accrue liée au réchauffement climatique, est le continent le plus vulnérable. Mais un grand pays comme l’Égypte peut aussi basculer, si des émeutes de la faim se déclarent. Le rapport «Cyclope» sur les matières premières a titré sa dernière édition consacrée au marché des grains «Le calme entre deux tempêtes». «Nous avons eu de bonnes récoltes et sur 2023-2024, de bonnes perspectives, juge son coordinateur, l’économiste français Philippe Chalmin. Mais attention à un bémol sur le retour du phénomène El Niño» qui pourrait influencer les récoltes de l’hémisphère sud au début de 2024». Il faudra scruter le ciel.

Crise N° 4: Panique industrielle

Demandez aux constructeurs automobiles allemands ce qu’ils pensent de 2024. «L’année prochaine pourrait s’annoncer très mauvaise pour les marques européennes» juge, dans une de ses dernières éditions, «L’Automobile Magazine». La raison: l’offre ne correspond plus à la demande. Les acheteurs veulent de petites cylindrées.

Mais les constructeurs veulent produire des voitures puissantes qui permettent de dégager de meilleures marges. «Le plus gros problème, ce sont les prix et les bons produits. Les segments abordables ont presque complètement disparu. Les petites voitures ne sont plus proposées, y compris pour les véhicules électriques» poursuit le magazine.

Il n’y a pas que des mauvaises nouvelles. BYD, le champion chinois de la voiture électrique, vient d’ouvrir en Hongrie sa première usine européenne. Mais pourquoi produire si le marché s’écroule. «2024, l’année des faillites d’entreprises?» titre ces jours-ci le quotidien français Le Figaro, au lendemain du dépôt de bilan d’Habitat, une grande marque de l’ameublement en France.

Crise N° 5: Panique boursière

Il faut toujours regarder la Bourse de près. Même s’il prend parfois des allures de casino géant, où la spéculation financière a remplacé les investissements raisonnables «de papa», le marché boursier est le thermomètre de la confiance. Jusque-là, les actionnaires ont joué le jeu. Les actions ont d’autant plus grimpé que la hausse des taux d’intérêt a pénalisé en 2023 les investissements immobiliers, qui requièrent des prêts bancaires.

Et 2024? Pour le moment, personne ne parie sur la panique, malgré le ralentissement problématique de l’économie chinoise, et le surendettement public européen. Attention à une prédiction toutefois: les crises boursières surviennent tous les six ou sept ans. Or la dernière correction brutale des marchés a eu lieu en… 2018.

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