Alors que ces derniers jours, des centaines d'étrangers ont pu quitter la bande de Gaza pour l'Egypte via le point de passage de Rafah, la plupart des civils palestiniens n'ont pas pu être secourus. Seuls les blessés ou les Palestiniens ayant la double nationalité ont été autorisés à sortir.
Il n'existe pas d'autres possibilités de fuite pour les Palestiniens, comme le serait, par exemple, un corridor pour les civils – de Gaza vers la Cisjordanie – d'où ils pourraient se rendre en Jordanie. Une sortie vers le Liban n'est pas non plus une option actuellement. Enfin, la voie de fuite vers la Syrie reste bloquée pour les Palestiniens. Les Israéliens ne laissent pas entrer les réfugiés dans leur pays, même pour y transiter.
Même dans le cas improbable d'un changement d'attitude du gouvernement israélien, cela n'aiderait pas vraiment les personnes souhaitant fuir le conflit. En effet, les pays arabes voisins s'opposent à l'accueil des Palestiniens.
L'Égypte n'ouvre la frontière que dans des cas exceptionnels
«Ils devraient rester dans leur pays», avait déjà déclaré le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi peu après l'attaque massive du Hamas contre Israël le 7 octobre, alors que les représailles israéliennes venaient de commencer. Depuis lors, une vaste offensive est en cours – avec des opérations militaires aériennes, maritimes et terrestres.
C'est dans ce contexte que les États arabes ont immédiatement manifesté leur sympathie pour les Palestiniens et, à plusieurs reprises, pour le Hamas. L'entrée des Palestiniens était toutefois déjà difficile avant l'attaque. L'Egypte n'ouvrait la frontière – comme c'est encore le cas – que dans des situations exceptionnelles, pour les personnes gravement malades ou blessées.
Ce que la communauté arabe pense réellement des Palestiniens pourrait se résumer aux déclarations d'un citoyen égyptien dans un rapport de «The Insider»: «Les chiens de garde sont tenus en laisse dans le jardin, pas dans la chambre à coucher. Ils sont censés menacer vos ennemis, pas vos enfants», dit-il. Les «chiens» sont censés menacer Israël, pas l'Egypte.
La Jordanie fait barrage
De nombreux États du Proche-Orient craignent une expulsion durable des habitants de la bande de Gaza. Les partisans du Hamas pourraient alors s'allier à des djihadistes partageant la même idéologie.
Aujourd'hui déjà, le gouvernement égyptien garde tout juste le contrôle de la péninsule du Sinaï, politiquement instable et limitrophe de la bande de Gaza. Ces dernières années, elle est encore davantage devenue un lieu de refuge pour les militants islamistes. L'armée égyptienne doit désormais faire face à des membres d'Al-Qaïda et de l'État islamique.
Pendant ce temps, la Jordanie en a assez des réfugiés palestiniens. Un tiers de la population est déjà originaire de Gaza ou de Cisjordanie. En cas de nouveau mouvement de réfugiés, une «ligne rouge» serait franchie, a déclaré le roi Abdullah II lors d'une rencontre avec le chancelier allemand Olaf Scholz à la mi-octobre. Selon «The Insider», le monarque jordanien estime que la «fragile identité nationale» est menacée par un nouvel afflux de Palestiniens.
Les pays du Golfe ne veulent que de riches étrangers dans leur pays
Pour des raisons économiques également, une vague de réfugiés serait délicate pour les voisins arabes. La croissance économique égyptienne est restée récemment en deçà des attentes, la situation au Liban et en Syrie est loin d'être bien meilleure. Le Liban est déjà submergé par le nombre de réfugiés syriens, la Syrie étant en proie à une guerre civile sanglante depuis plus d'une décennie.
Et les riches pays du Golfe? Ceux-là ne souhaitent laisser entrer que de riches étrangers dans leur pays. Ainsi, au lieu d'accueillir des réfugiés, le Qatar préfère héberger le chef du Hamas, puissant et multimillionnaire. Quant à l'Iran, il veut détruire Israël, l'expulsion des Palestiniens de leur territoire n'est donc pas une option.
Le monde arabe se range bruyamment et ouvertement du côté des Palestiniens, mais lorsqu'il s'agit d'accueillir des réfugiés, on préfère miser sur des mots creux. On ne veut finalement pas avoir les «chiens de garde» dans sa propre «chambre à coucher».