Deux activistes climatiques, Yannick S. et Luisa S., ont manqué un rendez-vous au tribunal en novembre dernier, où ils devaient répondre d'une action de blocage et de collage. À la place, ils ont choisi de déverser dans l'air huit tonnes de CO2 et 140'000 litres de kérosène en partant en vacances à... Bali, en Indonésie.
Un porte-parole du groupe d'action Dernière génération défend leurs actes. Les deux jeunes avaient réservé leur vol «en tant que particuliers, non pas en tant que défenseurs du climat», argumente-t-il.
Une position qui ne convainc pas tout le monde. Et ce n'est pas la première fois que la double morale des activistes climatiques est remarquée. En effet, de célèbres figures manifestant pour le climat, ainsi que des politiciens qui leur sont proches, voyagent régulièrement en avion pour des vacances ou d'autres rendez-vous. La militante allemande Luisa Neubauer, par exemple, a entrepris par le passé des voyages en Amérique, en Asie et en Afrique, et a posté des photos sur Instagram.
Sur les actions climatiques
Dénonciations de la double morale
Les adversaires de Luisa Neubauer ont réagi en diffusant sur Twitter le hashtag #LuisaLongueDistance, dénonçant la distance entre ses paroles et ses actes. La jeune activiste s'est défendue en affirmant qu'elle prenait beaucoup moins l'avion qu'auparavant. Elle a tout de même affiché des photos sur Instagram entre temps, celles-ci ne correspondant pas à l'image que veut diffuser celle qui est parfois considérée comme la Greta Thunberg allemande.
Un autre point épineux du débat sur la double morale des activistes se situe au niveau des conférences climatiques annuelles, auxquelles ils participent tous. L'hiver dernier, le sommet a eu lieu à Sharm-el-Sheikh, en Égypte. Un voyage en train aurait été impossible, en raison d'un passage obligatoire en Syrie, pays en guerre. Luisa Neubauer et son équipe ont donc voyagé en train jusqu'à Istanbul, d'où ils ont pris l'avion. Mais tout le monde ne s'est pas donné tant de peine: les activistes de Greenpeace, eux, ont pris l'avion depuis l'Allemagne pour se rendre dans la station balnéaire égyptienne. Ils justifient leur décision par des problèmes de sécurité.
Sur les véhicules polluants
Des politiciens également pointés du doigt
Des politiciens solidaires des activistes climatiques ont également provoqué des réactions outragées en prenant des vols long-courriers. La députée allemande Katharina Schulze, par exemple, a traversé les États-Unis en 2019, s'offrant entre autres une glace sur la côte ouest de la Californie par des températures estivales. Face aux nombreuses accusations, elle s'est justifiée sur son voyage aux États-Unis en parlant de «rendez-vous professionnels» qu'elle devait impérativement honorer.
L'homme politique issu du parti des Vert-e-s et ancien député européen Sven Giegold a également provoqué un grand émoi en 2019. Lors d'une séance à Strasbourg, il avait voté en faveur de l'état d'urgence climatique, et s'était réjoui de son adoption sur les réseaux sociaux.
Mais peu de temps après, Sven Giegold a pris l'avion et s'est rendu de Strasbourg à Berlin. En train, le trajet de 700 kilomètres aurait pu être effectué en sept heures environ. Les critiques l'ont accusé de posséder une «double morale». Sven Giegold s'est justifié en invoquant, lui aussi, un rendez-vous professionnel qu'il devait absolument honorer à Berlin.