«Il n'y a pas de nourriture et nous n'avons pas pris de douche depuis des jours», confie Ahmed Hamid. Cet homme de 43 ans a fui la ville de Gaza avec sa femme et ses enfants pour échapper aux attaques israéliennes. Mais à Rafah, au sud de la bande de Gaza, la famille doit également lutter pour sa survie. «Les seuls aliments que nous avons pu trouver sont du thon en boîte et du fromage», se plaint le père de famille.
L'ONU a alerté ce mardi qu'il ne restait plus que 4 à 5 jours de vivres dans les magasins à Gaza. Pour l'Unicef, «si de l'eau et du carburant ne rentrent pas immédiatement à Gaza», ses habitants sont «en danger imminent de mort ou d'épidémies».
Environ un million de Palestiniens ont été déplacés, selon les estimations de l'ONU, depuis qu'Israël a lancé de violents raids aériens sur la bande de Gaza le 7 octobre en représailles à l'incursion du Hamas. L'organisation a engendré la mort de plus de 1400 personnes du côté israélien, pour la plupart des civils. Tandis que Tsahal, l'armée de l'Etat hébreu, aurait tué 3000 Palestiniens dont plus de 1000 enfants, a annoncé le Hamas, ce mardi après-midi.
«Les médicaments sont rares»
Plus de 9000 Palestiniens ont par ailleurs été blessés. Comme le rapporte l'organisation humanitaire Medical Aid for Palestinians, les hôpitaux sont débordés, voire ciblés par les bombardements. Un porte-parole a déclaré à Al Jazeera qu'ils étaient confrontés à une pénurie «catastrophique» de fournitures médicales.
Il poursuit en expliquant: «Il y a une pénurie de sang. Les médicaments sont rares». En outre, le personnel médical fait défaut, notamment parce que certains médecins ont été tués lors de raids aériens.» Ceux qui restent sont épuisés et ne sont pas en mesure de soigner les milliers de blessés qu'ils voient chaque jour», souligne le porte-parole.
Au total, plus de 111 établissements de soins ainsi que 60 ambulances ont été pris pour cible: des attaques qui vont «contre le droit international et les principes de l'humanité», dénonce le patron régional de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un entretien avec l'AFP. Avant d'ajouter: dans ces conditions, les médecins n'auront plus qu'à «préparer les certificats de décès».
La douche ou à boire
Israël a coupé l'approvisionnement en eau, en électricité et en nourriture de la bande côtière. «Le pire et le plus dangereux, c'est qu'il n'y a pas d'eau», explique Sabah Masbah, qui a trouvé refuge avec 21 membres de sa famille dans la maison d'un ami à Rafah. «Plus aucun d'entre nous ne se lave à cause de la pénurie d'eau», se confie la quinquagénaire.
«L'eau est un problème», affirme aussi Assem, 23 ans, qui a accueilli des réfugiés de la ville de Gaza dans sa maison de Khan Younès, à peine dix kilomètres au nord de Rafah. «Chaque jour, nous réfléchissons à la manière d'économiser l'eau. Si nous prenons une douche, nous n'avons pas d'eau à boire.»
Des milliers de personnes du nord de la bande de Gaza ont fui vers Rafah et Khan Younès. Beaucoup de ceux qui ne peuvent pas être hébergés par des amis ou de la famille dorment dans les jardins des hôpitaux et dans les écoles de l'organisation humanitaire de l'ONU UNRWA.
Plus d'un million de personnes en danger
Mona Abdel Hamid, originaire de Gaza, voulait rester chez des proches à Rafah, mais des étrangers l'ont désormais accueillie. «Je me sens humiliée et honteuse. Nous n'avons pas beaucoup de vêtements, la plupart sont sales et il n'y a pas d'eau pour se laver», relate cette femme de 55 ans. «Pas d'électricité, pas d'eau, pas d'internet. J'ai l'impression de perdre mon humanité.»
Apparemment en préparation d'une offensive terrestre contre Gaza, l'armée israélienne a appelé les quelque 1,1, million de civils vivant dans le nord à se mettre immédiatement à l'abri dans le sud, provoquant une catastrophe humanitaire selon Amnesty International. Et pourtant, des cibles à Rafah et Khan Younès ont également été bombardées ce dimanche. Lundi encore, des bombes ont frappé des cibles dans les alentours de Rafah.
«Où est l'humanité?»
«Regardez cette énorme destruction», crie Alaa al-Hams en montrant les décombres d'une maison à Rafah. «Ils prétendent qu'il y a des terroristes ici. Mais c'étaient tous des civils qui n'appartenaient à aucun groupe. Maintenant, ils sont tous morts», s'indigne Alaa al-Hams. «Où est l'humanité dont ils parlent?»
Samira Kassab se tient au milieu des ruines de sa maison à Rafah. «Notre maison a été bombardée, il ne nous reste rien. Ma fille a un cancer, mais je ne peux pas l'emmener à l'hôpital. Et moi-même, je souffre d'hypertension et de diabète», se confie-t-elle.
Une grand-mère, entourée de ses petits-enfants, garde espoir: «Je ne partirai pas, quoi qu'il arrive, même si je dois mourir. Nous ne renoncerons pas à une parcelle de notre pays!»
Sans électricité, pas d'eau
Israël aurait certes rétabli l'approvisionnement en eau ce dimanche. Mais selon les médias, l'eau ne coulerait toujours pas dans de nombreuses régions de Gaza. Comme le rapporte Al Jazeera, cela pourrait être dû au manque de carburant. En effet, les pompes à eau de la bande de Gaza ont besoin d'électricité pour fonctionner. De même, des camions sont nécessaires pour le transport de l'eau. Ceux-ci ont également besoin de carburant.
Or, Israël a cessé d'exporter du carburant il y a plus d'une semaine. La seule centrale électrique de la région de Gaza est depuis paralysée. Comme le confirme l'UNRWA, les générateurs des hôpitaux seront à court de pétrole d'ici 24 heures.
Le portail en ligne Aurora Intel rapporte enfin qu'environ 150'000 litres de carburant auraient franchi la frontière de Rafah lundi. Il serait utilisé pour les stations de pompage des eaux usées et de l'eau.
(Avec AFP)