L'attentat de Krasnogorsk, au nord-ouest de Moscou, a choqué le monde entier. Quatre terroristes de l'EI ont tiré au hasard sur les spectateurs du Crocus City Hall et ont mis le feu à la salle. Le bilan actuel de l'attaque est d'au moins 137 morts et environ 150 blessés.
Dès les premières heures, les hypothèses les plus folles ont fusé. Pour certains observateurs, Vladimir Poutine lui-même aurait été à l'origine de l'attaque – afin de légitimer une réponse encore plus dure contre l'Ukraine. Le grand maître d'échecs et ennemi juré de Poutine Garry Kasparov a par exemple écrit sur X qu'il était «très probable» que les services de sécurité russes aient organisé l'attaque. Alors théorie farfelue ou hypothèse solide? Blick fait le point.
Pourquoi la sécurité russe a-t-elle fait défaut?
Garry Kasparov a justifié ses soupçons: A Moscou – l'une des villes les plus surveillées au monde – on ne pourrait pas s'exprimer contre la guerre sans être arrêté «dans les 30 secondes».
Cela sent l'action sous fausse bannière, estime également l'ancien diplomate russe Boris Bondarev sur X, car toute la sécurité pour la population a fait défaut dans un système de surveillance croissant. De même, Nikolaï Mitrokhine, chercheur à l'université de Brême, s'étonne dans un entretien avec Al Jazeera de l'inaction totale des services secrets russes, de la garde nationale et de l'ensemble du système de surveillance avant et pendant l'attentat de Moscou.
C'est également l'avis de l'historien militaire finlandais Emil Kastehelmi. Sur X, ce spécialiste de la Russie écrit: «L'attaque terroriste était une incitation des services secrets russes sur ordre de Vladimir Poutine. Elle doit légitimer des frappes plus dures sur l'Ukraine et une nouvelle mobilisation». Selon lui, Poutine aurait l'habitude d'organiser des attaques terroristes pour renforcer son propre pouvoir.
Une théorie mise à mal par les images
Emil Kastehelmi rappelle les attentats de 1999 contre des cités russes, qui auraient pu être menés par les services secrets russes et attribués à des séparatistes tchétchènes. Le complot n'a jamais été prouvé. Mais Vladimir Poutine a profité de ces attentats pour lancer la deuxième guerre de Tchétchénie, que la Russie a menée brutalement, mais victorieusement. Suite à cela, Poutine a remporté haut la main les élections présidentielles.
Les preuves qui apparaissent peu à peu au grand jour après la terreur de Moscou donnent cependant une toute autre version: l'État islamique a publié des photos des quatre assaillants juste après l'attentat et, un peu plus tard, une vidéo de la bodycam de l'un des tireurs. Sur le film, on peut voir l'homme tirer sauvagement sur la foule. De plus, le fait de ne pas avoir empêché l'attentat n'est pas non plus très bon pour Poutine. Et ce, bien que les Etats-Unis mettent Moscou en garde depuis des semaines déjà!
Poutine vise directement l'Ukraine
Le comportement de Poutine lui-même suffit toutefois alimenter la théorie du complot. Ce n'est que 19 heures après l'attentat que le président russe s'est présenté devant les caméras de télévision. Dans son allocution de cinq minutes, il a exprimé ses condoléances aux familles, condamné cet «acte terroriste barbare», promis de faire la lumière sur cette affaire – et a aussitôt orienté les soupçons vers l'Ukraine. Le chef du Kremlin n'a pas mentionné l'EI.
Au lieu de cela, Vladimir Poutine a évoqué l'arrestation des auteurs présumés lors de leur fuite vers l'Ukraine. Le chef du Kremlin a affirmé qu'une «fenêtre dans le passage frontalier» avait été préparée pour les terroristes. Les auteurs auraient tiré dans le dos des victimes «comme les nazis autrefois». Les nazis, c'est ainsi que Poutine aime aussi appeler les Ukrainiens.