La candidate Nikki Haley, qui a le vent en poupe chez les républicains pour la présidentielle américaine de 2024, s'est retrouvée au cœur de toutes les attaques lors d'un débat mercredi, encore snobé par le favori Donald Trump. À 40 jours des premières primaires du parti, l'ancien président a choisi de ne pas participer à ce rendez-vous télévisé, en raison selon lui de son avance vertigineuse dans les sondages républicains.
Réunis dans l'Alabama, un État très conservateur du sud du pays, quatre de ses opposants conservateurs, trois hommes et une femme, ont tenté de capter un peu de sa lumière. À commencer par l'ancienne ambassadrice à l'ONU Nikki Haley, dont la candidature séduit de plus en plus l'establishment et les très riches donateurs républicains — une aide non négligeable dans un pays où les campagnes politiques se remportent à coups de milliards de dollars.
L'ex-gouverneure de Caroline du Sud a pour cette raison été la cible de très vives attaques sur le plateau de la chaîne NewsNation, étant tour à tour accusée par ses adversaires d'être «corrompue» ou «de vouloir envoyer des jeunes Américains sur les champs de bataille pour s'acheter une plus grande maison». «J'adore toute l'attention les gars, merci», a ironisé la quinquagénaire, qui est passée en quelques semaines de 4 à 10% dans les sondages.
Trump 2.0
Cette conservatrice s'est illustrée ses derniers mois avec un discours plus modéré que ses rivaux sur l'avortement, bien consciente que son parti enchaîne les déconvenues électorales sur ce sujet depuis l'annulation de la protection constitutionnelle du droit à l'IVG dans le pays. Dans les enquêtes d'opinion, elle talonne désormais Ron DeSantis, un temps vu comme l'étoile montante du parti, mais dont la cote a dégringolé ces derniers mois.
Le gouverneur de Floride, aux prises de positions choc sur les questions LGBT+ ou l'immigration, est taxé d'un manque de charisme. Il accuse à présent un retard de plus de 48 points face à Donald Trump, selon l'agrégateur de sondages RealClearPolitics. «J'en ai assez d'entendre parler de ces sondages», a lancé, visiblement agacé, l'ancien officier de marine lors du débat, estimant qu'il revenait aux électeurs, et non aux enquêtes d'opinion, de trancher sur son sort.
Les candidats ont également eu de vifs échanges sur la guerre en Ukraine, une nouvelle enveloppe de dizaines de milliards de dollars d'aide étant actuellement en débat au Congrès américain. Le candidat Vivek Ramaswamy, un entrepreneur qui aime se présenter en «Trump 2.0», a accusé ses rivaux d'être des «néoconservateurs fascistes», incapables de citer le nom de la moindre province ukrainienne.
Trump écrase la concurrence
Cette émission, le quatrième débat depuis le mois d'août, est une étape importante de la longue route vers la Maison-Blanche. À partir du 15 janvier, les candidats républicains à l'élection de 2024 s'affronteront lors d'une série de primaires: ils débuteront dans l'Iowa, État rural du Midwest, avant d'enchaîner en quelques semaines les scrutins dans le New Hampshire, le Nevada et la Caroline du Sud, et une grosse échéance début mars.
Le vainqueur de ces primaires, officiellement adoubé par le Parti républicain en juillet, sera opposé au candidat démocrate, très probablement le président Joe Biden, à l'élection de novembre prochain. Malgré ses quatre inculpations, Donald Trump écrase la course chez les républicains, accaparant quelque 61% des intentions de vote. Il s'appuie sur une base qui lui reste très largement fidèle et le soutient mordicus dans ses démêlés avec la justice.
De peur de froisser ses partisans, ses rivaux ont durant le débat souvent évité d'attaquer l'ancien président frontalement — une position dénoncée par le candidat Chris Christie. L'ancien gouverneur du New Jersey est un des seuls à critiquer le milliardaire républicain directement. «Si vous avez peur d'offenser Donald Trump, que ferez-vous lorsque vous serez assis en face du président Xi? De l'ayatollah? De Poutine?», a-t-il lancé, comparant tour à tour l'ancien président à «Voldemort» ou à «un dictateur».
(AFP)