Les experts s'attendent à un soutien nucléaire de l'imprévisible dictateur
Pourquoi la visite de Poutine à Kim Jong Un est-elle si dangereuse?

En échange des cinq millions d'obus qu'il a livrés jusqu'à présent, Kim Jong Un a reçu de la Russie du pétrole et des denrées alimentaires. Mais lors de sa visite en Corée du Nord, Poutine pourrait conclure un accord bien pire encore. L'Occident est averti.
Publié: 19.06.2024 à 06:05 heures
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Dernière mise à jour: 19.06.2024 à 06:45 heures
Les dirigeants se sont déjà rencontrés plusieurs fois. Dur de prédire ce que Vladimir Poutine et Kim Jong Un ont en tête.
Photo: AFP
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Guido Felder

Les rues sont désertes, des affiches géantes de Vladimir Poutine sont accrochées aux lampadaires: Pyongyang, la capitale nord-coréenne, s'est parée de ses plus beaux atours pour la visite du président russe. Vladimir Poutine rend visite au dictateur Kim Jong Un ce mardi et ce mercredi. Il se rendra ensuite au Vietnam.

Lorsque Poutine se rend en Corée du Nord, la sonnette d'alarme retentit en Occident. Que prévoit le chef du Kremlin lors de sa «visite d'Etat amicale» chez l'imprévisible dictateur nord-coréen? La Maison-Blanche et les experts en sont convaincus: cela pourrait déboucher sur un accord dangereux et de mauvais augure.

Après des années de froid entre les deux pays, Poutine et Kim font à nouveau des affaires ensemble depuis environ deux ans. La Corée du Nord fournit à Moscou des munitions dont elle a un besoin urgent pour la guerre en Ukraine. Selon les services secrets sud-coréens, 3,5 à 5 millions d'obus auraient été utilisés jusqu'à présent. Cela correspond à plus que la production annuelle maximale en Russie, estimée à 3 millions d'obus.

Des missiles de fabrication nord-coréenne sont également tirés vers l'Ukraine, comme le prouvent des débris retrouvés. En remerciement de ces munitions, la Russie a offert du pétrole et de la nourriture à la Corée du Nord.

Une technologie nucléaire moderne

Lors de la visite en cours, Poutine et Kim devraient toutefois s'intéresser à bien d'autres choses. Victor Cha, vice-président de la chaire Asie et Corée au Center for Strategic and international Studies à Washington D.C. (CSIS), met en garde: le président nord-coréen a besoin de technologies pour ses sous-marins nucléaires, ses satellites et ses missiles intercontinentaux.

Victor Cha estime que Poutine pourrait bel et bien apporter de tels cadeaux à son homologue. En effet, des scientifiques russes ont assisté au lancement d'un satellite militaire nord-coréen, envoyé dans l'espace il y a quelques semaines. Par ailleurs, Kim Jong Un se serait également montré satisfait de ses projets de sous-marins nucléaires, ce qui est «un très mauvais signe» précise Victor Cha.

L'expert écrit donc dans un article du CSIS: «Des missiles intercontinentaux, couplés à des mesures de défense modernes, des capacités de reconnaissance dans l'espace et des sous-marins nucléaires permettraient à Kim d'attaquer l'ensemble des Etats-Unis avec une force nucléaire que Washington pourrait difficilement repousser avec une première frappe préventive.»

Des actions militaires sur la péninsule?

Un autre sujet explosif devrait également être à l'ordre du jour à Pyongyang: une action militaire surprise. C'est ce qu'écrit Frederic Spohr, directeur de la Fondation Friedrich Naumann pour la liberté à Séoul, dans un article publié sur focus.de. Apparemment, la Maison-Blanche s'attend à une énorme provocation de la Corée du Nord sur la péninsule coréenne avant les élections américaines de novembre.

En effet, les deux pays pourraient profiter de troubles sur la péninsule coréenne. La Russie, de son côté, bénéficierait de l'ouverture d'un autre foyer de crise dont les Etats-Unis devraient s'occuper. La Corée du Nord pourrait, elle, obtenir une position de négociation plus forte face à une nouvelle administration américaine.

Augmenter la pression sur Kim

Mais alors, comment arrêter Kim? Ce n'est pas facile, estime l'expert Victor Cha, qui rappelle que Kim a rejeté plus de 20 tentatives de l'administration américaine d'entamer des discussions. Selon lui, la seule possibilité serait que les pays du G7 et de l'OTAN augmentent une nouvelle fois la pression économique et diplomatique sur Pyongyang.

«Dans un premier temps, les mesures telles que celles prises lors du sommet du G7 en Italie contre les institutions financières russes et nord-coréennes devraient être étendues afin d'empêcher le commerce des armes», écrit Victor Cha. Alors que les Etats-Unis n'ont pas de relations diplomatiques avec la Corée du Nord, la plupart des gouvernements européens sont en contact avec Pyongyang.

De même, la Maison-Blanche devrait faire pression sur Pékin, qui ne voit pas d'un bon œil les liens étroits entre Moscou et son partenaire junior, la Corée du Nord. Victor Cha abonde: «La Chine reste l'artère économique de la Corée du Nord et pourrait participer aux sanctions.»

Cependant, il reste encore un espoir: malgré tous les rapprochements, il pourrait ne pas y avoir de nouveaux deals. Car même si le voyage de Poutine à Pyongyang est qualifié de «visite d'Etat amicale», la haine commune de l'Occident ne fait pas encore de ces ennemis de longue date de véritables amis.

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