New York, Savannah, Baltimore. Rien ne va plus actuellement dans les grands ports à conteneurs de la côte est américaine. Les dockers se sont mis en grève. Trente-six ports sont concernés. Rien qu'à New York et dans le New Jersey, 20'000 conteneurs sont traités chaque jour. Si aucun accord n'est trouvé d'ici quelques jours, le commerce maritime avec les États-Unis pourrait virer au chaos. Car si elle venait à se prolonger, cette grève perturberait considérablement les chaînes d'approvisionnement mondiales. Avec des répercussions qui affecteraient également la Suisse. Blick répond aux questions les plus urgentes à ce sujet.
Pourquoi cette grève?
Pour une question d'argent, bien évidemment. Le syndicat des dockers, qui représente pas moins de 47'000 employés, demande une augmentation de salaire de 77% par rapport au dernier accord conclu avec les exploitants des ports, mais ces derniers auraient accepté une hausse de seulement 40%.
Depuis juin, les discussions entre les deux parties sont au point mort. Le syndicat a annoncé qu'il ferait grève dans les ports à partir du 1er octobre. En principe, les dockers ne sont pas si mal lotis. Dans les ports de New York et du New Jersey, plus de la moitié des employés ont gagné plus de 150'000 dollars en 2020. Le syndicat argumente toutefois que le secteur des transports a réalisé des milliards de bénéfices depuis la pandémie de Covid, et les dockers souhaitent le ressentir dans leur porte-monnaie.
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Si la grève s'intensifie, elle aura des répercussions sur l'ensemble des pays du globe, y compris sur la Suisse. «Il pourrait y avoir des interruptions dans les chaînes d'approvisionnement des entreprises suisses», explique Jean-Philippe Kohl, vice-directeur et responsable de la politique économique de Swissmem, l'association de l'industrie suisse de la tech. Les États-Unis constituent l'un des principaux marchés d'exportations pour la Suisse. En 2022, 18,3% des exportations étaient destinées aux États-Unis, pour un volume d'une valeur d'un peu plus de 50 milliards de francs.
Ce sont surtout les entreprises qui envoient des machines vers les États-Unis qui seraient touchées par la grève. Car la marchandise est généralement acheminée en bateau et est bien trop grande et trop lourde pour être transportées par avion, explique Kohl. Il est toutefois de difficile de savoir pour l'heure quelles entreprises en pâtiraient le plus. Spedlogswiss, l'association des entreprises suisses de transport et de logistique, précise: «Selon la durée de la grève, les conséquences pourraient être graves.» La situation serait supportable encore quelques jours. «Mais une grève d'une semaine pourrait déjà avoir des répercussions sur plusieurs mois.»
Devrons-nous bientôt attendre plus longtemps notre colis?
En cas de grève prolongée, les consommateurs suisses en ressentiront également les conséquences. Mais là n'est pas le seul problème. «S'il manque ne serait-ce qu'une pièce provenant des Etats-Unis et nécessaire à la fabrication d'un produit, celui-ci ne peut pas être mis en vente», explique Spedlogswiss. Dans le pire des cas, certains rayons pourraient donc être complètement vides dans les magasins de vente.
L'organisation officielle de promotion des exportations – Switzerland Global Enterprise (SGE) – estime toutefois que les entreprises suisses sont bien armées: «Nous constatons que les entreprises sont de plus en plus conscientes du problème de la chaîne d'approvisionnement. De nombreuses entreprises se sont positionnées en conséquence.» Elles ont par exemple recours à une chaîne de création de valeur plus régionale. La rapidité avec laquelle les deux parties parviendront ou non à accorder leurs violons sera donc décisive. Si elles ne parviennent pas à un accord rapide, le commerce mondial risque fort de connaître une situation chaotique.
Une première depuis les années 70
Le groupe logistique Kühne+Nagel s'attend à des «retards considérables» et se prépare à subir des difficultés à long terme. «Il s'agit d'un événement important, dont l'ampleur est inégalée depuis les années 1970», déclare à l'agence de presse AWP Michael Aldwell, responsable du fret maritime mondial chez Kühne+Nagel. «La grève était certes prévisible depuis un certain temps, mais elle entraînera certainement des retards considérables.»
Les acteurs du milieu sont donc à pied d'œuvre pour tenter de mettre en place des itinéraires alternatifs pour les navires de fret et des plans d'urgence sont en cours d'élaboration. Du personnel supplémentaire a d'ores-et-déjà été mobilisé. Et même si la grève pouvait être résolue dans un avenir proche, il faudrait compter cinq à sept jours par jour d'arrêt pour rattraper le retard après la réouverture des terminaux.