Le mythe de «Trump, le martyr illégitime» s'effondre
La condamnation de son fils est l'atout de Joe Biden

En pleine campagne présidentielle, Hunter Biden, le fils du président américain, est jugé. Sa condamnation et les réactions qu'elle suscite pourraient marquer la course serrée entre Joe Biden et Donald Trump. Analyse.
Publié: 12.06.2024 à 17:01 heures
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Dernière mise à jour: 12.06.2024 à 17:15 heures
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Hunter Biden quitte le tribunal fédéral du Delaware en compagnie de sa belle-mère, Jill Biden (à gauche), et de son épouse, Melissa Cohen Biden (à droite).
Photo: keystone-sda.ch
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Chiara Schlenz

Hunter Biden, le plus jeune fils du président américain, a quitté mardi après-midi le tribunal fédéral du Delaware en étant reconnu coupable. Un jury a estimé qu'il avait menti sur des formulaires d'achat d'armes et qu'il avait détenu illégalement une arme à feu pendant onze jours. L'affaire judiciaire met en lumière l'histoire compliquée de la famille présidentielle et les mensonges de l'opposition républicaine autour de l'ex-président Donald Trump.

Une charge émotionnelle pour Biden

Le président Biden s'est exprimé directement après le verdict contre son fils: «Jill et moi aimons notre fils, et nous sommes si fiers de l'homme qu'il est aujourd'hui. De nombreuses familles dont les proches ont dû lutter contre la dépendance comprennent le sentiment de fierté de voir quelqu'un que l'on aime se tenir de l'autre côté et être si fort et résistant dans sa guérison.»

Le président s'attire ainsi la sympathie d'électeurs potentiels ayant une histoire familiale similaire. Et il ne veut pas gracier son fils! Cela montre son intégrité et son respect pour le système judiciaire américain. Maigre consolation. Car le procès est une lourde charge émotionnelle pour Biden, ses proches craignent pour sa santé psychique. «Quelle personne normale ne serait pas déchirée si elle devait assister à l'agonie de sa famille dans une salle d'audience sous les yeux du monde entier», a déclaré David Axelrod, ancien conseiller en chef de l'ex-président Barack Obama, au «Washington Post».

Et tout ça à un moment critique de la campagne présidentielle. La course est serrée. Seul 1% des voix sépare actuellement le leader Trump et Biden dans les sondages nationaux, comme le montrent les données de la plateforme d'analyse «FiveThirtyEight». Et le fait que les jugements des tribunaux jouent un rôle important pour les électeurs américains, Trump l'a appris à ses dépens après sa propre condamnation: 2% de son électorat potentiel se sont détournés de lui.

La construction de mensonges de Trump s'ébranle

Trump se fait remarquablement discret après le verdict contre le fils de Biden. Rien d'étonnant. Après tout, c'est lui et ses complices qui, pendant son procès, ont crié haut et fort que le système judiciaire américain était «corrompu». Le fait que le fils de Biden puisse désormais passer jusqu'à 25 ans derrière les barreaux ne correspond pas à la vision du monde des républicains, qui sont fermement convaincus que la justice américaine agit en faveur des démocrates.

La porte-parole de la campagne de Trump, Karoline Leavitt, n'en démord pas pour autant: «Ce procès n'était rien d'autre qu'une diversion par rapport aux véritables crimes de la famille Biden, qui a encaissé des dizaines de millions de dollars en provenance de Chine, de Russie et d'Ukraine, a-t-elle déclaré dans un communiqué. Le règne du corrompu Joe Biden sur l'empire criminel de la famille Biden prendra fin le 5 novembre.»

Une chance pour Trump?

Malgré tout, les républicains ne peuvent pas s'empêcher de réaliser que leur narratif construit autour de «Trump, le martyr illégitime» s'effondre pour le moment. Sans la raison selon laquelle le système judiciaire américain est «dirigé par Joe Biden», Trump n'a plus aucune possibilité crédible de relativiser son propre jugement. Cela pourrait influencer les électeurs qui ne savent pas encore à qui donner leur voix en novembre… en faveur de Biden.

Il n'y a qu'un seul espoir pour Trump: Hunter Biden et lui-même devraient recevoir leur condamnation dans un mois environ. Dans le cas du fils Biden, on part du principe qu'il n'ira pas en prison, car c'est la première fois qu'il commet un délit. La même logique peut être appliquée à Trump. Si Hunter Biden ne va pas derrière les barreaux mais que Donald Trump est condamné à une peine de prison, le républicain retrouvera son récit de la justice corrompue.

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