Le 13 juillet, Thomas Matthew Crooks se prépare à tirer depuis le toit d'un bâtiment commercial de Butler, dans l'État de Pennsylvanie. Le solitaire, comme le décriront plus tard d'anciens camarades de classe, est à peine à 120 mètres de sa cible lorsqu'il charge son fusil et appuie sur la détente.
Au même moment, Donald Trump en est encore au début de son discours de campagne lorsqu'il est touché à l'oreille droite par une balle. Voilà ce que l'on savait, jusqu'à récemment, du déroulé des évènements. Mais des nouvelles informations ont émergé depuis.
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Tout s'est accéléré depuis cette tentative d'assassinat. Les partisans de MAGA («Make America Great Again») ont déclaré que Donald Trump était un saint. Le président Joe Biden s'est retiré de la course à la Maison Blanche, laissant le champ libre à Kamala Harris et à d'autres démocrates plus jeunes. La directrice des services secrets Kimberly Cheatle a démissionné.
Et le FBI se demande aujourd'hui si l'oreille de Donald Trump a réellement été touchée par une balle.
Le FBI est encore prudent
Le service de renseignement examine des fragments de métal trouvés près de la scène à Butler et aimerait interroger le candidat à la présidence, comme l'écrit le «New York Times» qui cite un fonctionnaire anonyme. Les agents du FBI espèrent ainsi obtenir des informations supplémentaires sur le déroulement des faits.
Les enquêteurs sont encore prudents et se refusent à toute déclaration définitive, indiquant qu'ils doivent d'abord évaluer toutes les preuves avant de pouvoir dire ce qui a réellement touché l'ex-chef d'État républicain: une balle, un éclat de métal ou peut-être encore autre chose.
Motif toujours inconnu
Une équipe de spécialistes «continue d'examiner les preuves trouvées sur la scène du crime, y compris des fragments de projectiles, et l'enquête se poursuit», a indiqué le FBI dans un communiqué jeudi. En outre, le service fédéral de police judiciaire tente toujours de comprendre les motivations de l'auteur de l'attentat et d'établir si Thomas Crooks avait des complices.
«La priorité du FBI est de déterminer si quelqu'un a aidé le tireur et d'éliminer toute menace persistante», a déclaré Michael Harrigan, un ancien agent spécial du FBI. Il a ajouté qu'il importait peu, pour l'enquête, de savoir exactement ce qui avait conduit à ensanglanter l'oreille de Donald Trump. D'un point de vue politique, cela fait toutefois une différence, comme le relève le «New York Times».
«Nous avons tous vu la vidéo»
«En ce qui concerne l'ancien président Donald Trump, on se demande si c'est une balle ou pas qui a touché son oreille», a déclaré mercredi le chef du FBI Christopher A. Wray au député républicain et président de la commission judiciaire de la Chambre des représentants, Jim Jordan. Ces propos ont déclenché une vive réaction et des attaques de la part des milieux républicains.
«Nous avons tous vu la vidéo, nous avons vu l'analyse, nous l'avons entendu de plusieurs sources sous différents angles, qu'une balle lui a traversé l'oreille», a rétorqué Mike Johnson, président de la Chambre des représentants. Il est selon lui choquant que le chef du FBI ne reconnaisse pas les faits.
Donald Trump lui-même s'est exprimé sur son réseau social Truth Social et a déploré la perte de confiance des Américains dans l'agence fédérale. «C'est malheureusement une balle qui a touché mon oreille, et qui l'a touchée de plein fouet. Il n'y avait pas de verre, il n'y avait pas d'éclat d'obus. Il n'est pas étonnant que le FBI, autrefois célèbre, ait perdu la confiance de l'Amérique!»
Traces d'ADN
Les analystes du FBI évaluent quant à eux les photos et autres preuves électroniques, et cherchent des indices sur le déroulement des faits. Les experts en armement estiment que l'on peut s'appuyer sur la trajectoire, une analyse physique de la balle et la blessure de l'ex-président. En outre, il devrait être possible de trouver l'ADN de Donald Trump sur un morceau de la balle. Cela ne permettrait cependant pas non plus de déterminer avec certitude si le candidat conservateur a été touché par un fragment ou par une balle.
Un autre scénario envisagé est que le projectile se soit fragmenté après avoir frôlé Donald Trump. Il sera toutefois «difficile de dire définitivement ce qu'il s'est passé», a déclaré l'ancien agent spécial du FBI Michael Harrigan.
Outre Donald Trump, deux autres personnes ont été grièvement blessées lors de l'attentat du 13 juillet. L'ancien chef des pompiers de Buffalo a quant à lui perdu la vie.